Le Dr Martha Newson, co-auteure de l'étude, explique : «Les supporters qui soutiennent ardemment leur équipe - c'est-à-dire qui se sentent en communion avec elle - sont particulièrement stressés lorsqu'ils regardent un match de football. Nous avons constaté une augmentation du niveau de stress chez les supporters occasionnels, mais il était beaucoup plus élevé chez ceux qui se sentent étroitement associés à leur club.»
L’étude a été menée pendant la Coupe du monde 2014. Les chercheurs ont testé la salive de 41 supporters brésiliens pour en évaluer le niveau de cortisol - «l’hormone du stress» - avant, pendant et après trois matchs de leur équipe nationale. Rappelons-nous de ces deux victoires (2:1 contre la Colombie, puis victoire aux tirs au but contre le Chili)... Et bien sûr, de la défaite historique contre l'équipe allemande en demi-finale (1:7).
Les chercheurs ont conclu que la fusion des identités entre un supporter et son équipe était fortement associée à une augmentation des concentrations de cortisol. Lors de ce dernier match - tragédie brésilienne en deux actes -, c'est la dysphorie (état de malaise douloureux) qui a entraîné une augmentation significative de la libération de cortisol. Cette hormone prend le relais de l’adrénaline afin que l’organisme puisse réagir à un danger supposé. Sa libération à haute dose pendant une longue durée n'est pas anodine, notamment sur le plan cardiovasculaire.
Pendant un match à élimination directe, le supporter qui ne fait plus qu'un avec son équipe a bel et bien la sensation d'être exposé à un danger imminent. Des études antérieures ont d'ailleurs montré une augmentation du nombre de crises cardiaques chez les supporters les jours de matchs importants.
Cette étude balaie au passage une idée reçue. Les supportrices ne sont pas moins affectées par la destinée de leur équipe... Leur réaction physiologique durant ces matchs a été identique à celles des hommes. Quant à leur sentiment de fusion avec l'équipe, il s'est même avéré plus élevé !
Si les supporters parviennent généralement à réguler leur stress - en utilisant l'humour ou encore les câlins-, le Dr Newson donne cependant un conseil aux organisateurs de ce type d’évènements : « Après les matchs, tamisez les lumières du stade et lancez une musique apaisante ». Autre piste, proposer des bilans de santé voire des examens cardiaques aux supporters les plus dévoués. La balle est dans le camp des clubs.
Source :
Devoted fans release more cortisol when watching live soccer matches.
Stress Health. 2020 Jan 14 - doi: 10.1002/smi.2924.