Le sel augmente le risque de cancer de l'estomac de 40 %

En Asie, le lien entre une consommation élevée de sel et le cancer de l'estomac était déjà établi. Désormais, ce risque est également confirmé par les statistiques sur le cancer en Europe.

Le cancer de l'estomac touche de plus en plus de jeunes

Le cancer de l'estomac se classe au cinquième rang des cancers les plus fréquents dans le monde. Bien que le risque de cette maladie augmente avec l'âge, les dernières statistiques montrent une tendance inquiétante, à savoir l’augmentation des cas chez les adultes de moins de 50 ans. Parmi les facteurs de risque habituels, on trouve la consommation de tabac et d'alcool, l'infection à l'helicobacter pylori, le surpoids et l'obésité. Certaines études ont également déjà montré que les régimes très salés augmentent aussi le risque de cancer de l'estomac, notamment chez les populations asiatiques qui consomment fréquemment des aliments conservés au sel, du poisson fortement salé, des marinades et des sauces extrêmement salées. Les aliments salés augmentent le risque de cancer de l'estomac de 41 %.

Une cohorte de près de 500.000 participants

Cette étude prospective (DOI : 10.1007/s10120-024-01502-9) a été menée sur une cohorte de 471.144 adultes inclus dans la base de données britannique Biobank. Il a été constaté que ceux qui ajoutaient toujours du sel à leurs repas avaient un risque de cancer de l'estomac accru de 41 % par rapport à ceux qui ne le faisaient presque jamais. Cette association a été confirmée même après avoir pris en compte les facteurs démographiques, socio-économiques, liés au mode de vie et les comorbidités préexistantes. De plus, l'ajout de sel aux aliments à table a été associé à des niveaux accrus de sodium dans l'urine, tant ponctuellement qu'en moyenne sur 24 heures, selon la formule INTERSALT.

Cependant, lorsque seul le sodium urinaire sur 24 heures a été considéré comme une exposition, aucune association avec le risque de cancer de l'estomac n'a pu être établie, probablement en raison des effets de dilution déjà connus des mesures de sodium basées sur des échantillons d'urine ponctuels par rapport à celles effectuées sur une période de 24 heures. En outre, l'analyse des données suggère la présence d'un mécanisme possible de causalité inverse, dans lequel les personnes présentant des symptômes gastriques avant le diagnostic de cancer pourraient avoir une consommation de sel plus faible.

Ces résultats sont cohérents avec d'autres grandes études réalisées en Amérique, en Asie et dans certains pays européens, qui ont montré un lien positif entre la consommation de sel ajouté et le cancer de l'estomac. Cependant, des études antérieures en Europe n'ont pas trouvé de lien entre la consommation totale de sel, mesurée par des questionnaires alimentaires, et le risque de cancer de l'estomac. Cela suggère que les disparités dans les résultats pourraient être dues à la difficulté de mesurer la consommation totale de sel à partir de questionnaires alimentaires.

Les limites de l'étude

L'étude suggère que l'habitude de saler les aliments à table pourrait être un indicateur plus fiable de la consommation habituelle de sel, par rapport aux estimmations des questionnaires alimentaires sur 24 heures, car elle est moins sujette aux fluctuations quotidiennes. 

Elle présente toutefois certaines limites, notamment en raison du nombre limité de cas de cancer de l'estomac permettant d'évaluer les facteurs d'influence potentiels tels que le sexe, l'âge, l'ethnie, l'infection à l'helicobacter pylori, ou le statut tabagique. De plus, l'analyse stratifiée selon la localisation anatomique du cancer de l'estomac a également été limitée en raison du faible nombre de cas. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les différences potentielles entre les différents types de cancers. En résumé, des études complémentaires sont nécessaires pour mieux évaluer la relation entre la consommation de sel et le risque de cancer de l'estomac, en particulier chez les populations non asiatiques et en utilisant des mesures de sodium urinaire répétées sur 24 heures.

Sources