Jusqu’à présent, dans les études qui s’intéressaient au risque de mortalité lié à l’obésité, seul le poids actuel (au moment de l’étude) des différents sujets était pris en compte, indépendamment de leurs antécédents éventuels de surpoids ou d’obésité.
Or, une étude datant du 4 janvier 2016 et publié sur PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), démontre qu’il existe des variations entre les personnes avec un IMC normal (entre 18 et 25) qui étaient d’anciens obèses (ou en surpoids) et les autres. En effet, selon ces chercheurs, le risque de mortalité chez les anciens obèses ou en surpoids, et qui ont aujourd’hui un IMC normal, est augmenté de 27%. Le risque de morbidité pour le diabète de type 2 et les maladies cardio-vasculaires est également plus élevé. De plus, ils ajoutent que l’amaigrissement est souvent le résultat de maladies, et qu’ainsi considérer le seul poids du sujet au moment de l’étude était une erreur statistique.
“Les risques liés à l’obésité ont été obscurcis dans les recherches précédentes parce que la plupart des études prenaient en compte le poids pris une seule fois (…) Le simple fait d’incorporer les mesures du poids dans le temps clarifie les risques de l’obésité et montre qu’ils sont beaucoup plus grands qu’estimés jusqu’alors”, explique Andrew Stokes, professeur adjoint de santé publique à l’Université de Boston, et l’un des auteurs de l’article.
Le calcul du risque de morbi-mortalité lié à l’obésité est toujours un exercice difficile, l’obésité étant une maladie complexe et liée à d’autres facteurs de risque.
L’OMS définit l’obésité comme « l’accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». Elle est généralement diagnostiquée grâce à l’IMC : supérieur à 25 pour le surpoids et à 30 pour l’obésité. Toutefois, cet indice n’est qu’un indicateur et ne correspond pas à une donnée absolue : les sportifs ont un IMC qui peut être élevé par exemple. C’est une maladie complexe car multifactorielle : elle est liée à des facteurs nutritionnels, comportementaux, génétiques, biologiques, sociologiques, environnementaux, psychologiques, etc.
L’obésité est une épidémie dont la prévalence a doublé depuis 1980. On compte aujourd’hui 1,9 milliards d’adultes (de plus de dix-huit ans) en surpoids (soit 39% des plus de vingt ans). Parmi eux, 600 millions sont obèses (13%). Elle provoque des maladies cardiovasculaires, du diabète, des troubles musculo-squelettiques, mais aussi des cancers : 500 000 cas, soit 3,6%, sont annuellement imputés à l’obésité.
L’obésité est à l’origine de 2,8 millions à 3,4 millions de morts par an. Cela en fait la cinquième cause de mortalité dans la monde, la troisième dans les pays industrialisés. Elle tue trois fois plus que la malnutrition. En France, 16% de la population est obèse, soit 6,5 millions de personnes. La prévention dès l’enfance de l’obésité est indispensable pour freiner l’incidence croissante de cette maladie, et des conséquences qu’elle entraîne.
Texte : esanum / sb
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