En 40 ans d’exercice, j’ai développé diverses connaissances techniques permettant de travailler plus efficacement.
Il s’agit par définition d’idées personnelles, pas toujours démontrées, mais je ne pense pas que ce qui n’est pas démontré est toujours faux.
Cliniquement :
Ne jamais oublier que l’humanité est une part essentielle de la technicité. L’empathie d’emblée est une composante essentielle du résultat à terme. Quand on est suffisamment, on n’a pas besoin de paraître. La médecine, c’est comme l’électroménager : si le courant ne passe pas, ça ne marche pas !
Au terme de l’audition, et de la lecture de la lettre, et, éventuellement, du dossier, on a déjà une idée du problème. Une douleur soulagée par la compression ou le décubitus homolatéral est, a priori, fonctionnelle dépressive. Il en va de même en cas de « coloration », en particulier une brûlure si elle n’est pas médiane.
On peut alors savoir poser les bonnes questions pour confirmer ou infirmer les hypothèses de travail. C’est l’acte médical le plus difficile, mais aussi le plus passionnant, car il faut faire évoluer l’interrogatoire en fonction des hypothèses soulevées par ce même interrogatoire. Il ne faut jamais prendre une hypothèse de travail pour un but à confirmer, mais toujours chercher d’autres arguments en sa faveur ou contre elle, ou encore, une autre hypothèse.
Au terme de celui-ci, on a un ou deux diagnostics très probables dans 90 % des cas.
Au terme de la consultation, n’oubliez jamais qu’il n’y a pas de faux symptôme ni de fausses souffrances : il y a seulement des choses que l’on comprend mal et que l’on ne sait pas expliquer :
Rien n’est moins scientifique que de nier ce que l’on ne comprend pas !
(Henri de Poincaré)
Il est essentiel d’expliquer au patient son diagnostic et les méthodes thérapeutiques proposées, en s’assurant qu’il a bien compris, puis de lui demander de poser les questions qu’il désire, au risque, économiquement grave, de contredire son médecin généraliste, souvent sans même le savoir. Il faut lui répondre sincèrement, sans rosir (acceptera plus facilement) ni noircir (astuce vieille comme la médecine, remplissant la bourse et soulageant l’affectivité du soignant) : si ça marche, on est génial ; si ça rate, on n’y est pour rien. Ceci est fondamental, aussi bien pour l’observance que pour la construction du « lien » qui est, en fait, une relation de confiance.
Comme pour le renard du Petit Prince, vous n’êtes plus n’importe quel médecin en qui on a une confiance a priori, mais son médecin dont il suivra beaucoup mieux les conseils, alors même qu’il ne l’aurait pas fait venant d’un quidam.