En effet, selon les données actuelles, bon nombre d’entre eux — soit environ le quart — sont diagnostiqués lors de la survenue d’un épisode d’acidocétose diabétique, qui est une complication aigüe grave pouvant engager le pronostic vital de la jeune personne.
« On sait très bien que la présence d’un diabète de type 1 ou de type 2 chez l’un ou les deux parents est un facteur de risque bien établi de survenue de diabète chez les enfants, mais cette étude montre bien précisément que le diabète gestationnel augmente le risque de diabète chez les enfants jusqu’à l’âge de 22 ans », affirme le Dr Kaberi Dasgupta, clinicien et chercheur au Centre for Outcomes Research and Evaluation (CORE) de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.
L’étude portant sur 73 180 mères vivant au Québec (1990–2012) a comparé les données sur des naissances uniques sélectionnées de manière aléatoire chez des mères atteintes d’un diabète gestationnel et des naissances chez des mères non atteintes de diabète gestationnel.
Parmi les jeunes étudiés, 359 sujets ont développé un diabète sucré soit 0,49 % de la totalité des sujets. L’incidence — le nombre de nouveaux cas — de diabète pour 10 000 personnes-années était de 4,5 chez les enfants nés de mères atteintes de diabète gestationnel et de 2,4 chez les mères non atteintes de diabète gestationnel. Après correction sur les variables, le diabète gestationnel était associé au diabète chez les enfants et les adolescents, et ce jusqu’à l’âge de 22 ans avec un risque relatif de 1,77 (IC à 95 % : 1,41–2,22).
Un enfant ou un adolescent dont la mère a souffert de diabète gestationnel était presque deux fois plus à risque de développer un diabète sucré avant l’âge de 22 ans. L’association a été observée chez les enfants de la naissance à 22 ans, de la naissance à 12 ans et de 12 à 22 ans.
« Ce lien entre le diabète chez les enfants et les jeunes adolescents de mères ayant été atteintes de diabète au cours de leurs grossesses permet d’améliorer le dépistage du diabète chez ces jeunes bien avant le stade des complications en stimulant les cliniciens, les parents, et les jeunes eux-mêmes à envisager la possibilité de la présence d’un diabète devant des signes et des symptômes évoquant le diabète tel que polyurie-polydipsie, perte de poids non expliquée ou grosse fatigue », dit le Dr Dasgupta.
Il est clair que cette étude est d’un très grand apport dans le domaine du dépistage précoce du diabète chez les enfants et les adolescents, permettant d’anticiper la survenue de complications graves engageant le pronostic vital des sujets. Elle permet aussi de préparer le terrain pour d’autres travaux de recherche dans le futur. Selon les auteurs de cette étude « De futures études sont nécessaires pour examiner les résultats à plus long terme chez les patients atteints d’un diabète pédiatrique et ayant un antécédent de diabète sucré gestationnel maternel, afin d’établir une comparaison avec les autres patients atteints d’un diabète débutant dans l’enfance ou l’adolescence, en termes de sévérité de la maladie et de résultats ».
Sources : Blotsky AL, Rahme E, Dahhou M, Nakhla M, Dasgupta K. Gestational diabetes associated with incident diabetes in childhood and youth: a retrospective cohort study. CMAJ. 2019 Apr 15; 191 (15): E410-E417. doi: 101,503/cmaj.181001.