Historiquement parlant, un premier cas reporté de reconstruction mammaire utilisant cette technique date de 1895, en Allemagne, après une tumorectomie. Aujourd’hui, cela est réalisé aussi bien dans le cadre de la chirurgie esthétique que réparatrice « en dehors de la symétrisation du sein controlatétal au décours d’une chirurgie carcinologique mammaire, en dehors de protocole de recherche, sachant les incertitudes liées à sa sécurité oncologique», selon la conclusion du rapport de la HAS.
Pour pratiquer cette autogreffe sont qualifiés tous chirurgiens titulaires d’un DESC de chirurgie plastique ou titulaires d’un DES de gynécologie-obstétrique, s’ils y ont été formés.
Cette modalité chirurgicale qui suit 4 grandes étapes (le choix du site de prélèvement du tissu adipeux, son prélèvement, son traitement par centrifugation et élimination des sérosités, et sa réinjection dans le sein) n’est pas encore standardisée. Le tissu prélevé est localisé dans des zones de stéatomérie naturelle, en général dans le haut de l’abdomen, le bas de l’abdomen, l’intérieur des cuisses, l’extérieur des cuisses, les flancs, les genoux ou encore la région trochantérienne.
Avant l’opération, la femme doit avoir atteint son poids de forme, car une perte de poids suite à l’opération concernerait aussi la perte de tissu adipeux mammaire. Le bilan préopératoire doit comprendre dès 30 ans une échographie mammaire, accompagnée d’une mammographie dès 40 ans, celles-ci effectuées 6 mois avant intervention.
En règle générale, cette intervention est réalisée sous anesthésie générale, toutefois l’anesthésie locale est possible pour de petites retouches ; elle peut de plus avoir lieu en ambulatoire. Le nombre de séances, espacées de 2 à 3 mois est surtout fonction de l’indication de l’autogreffe de tissu adipeux, de 1 à 6 en général, cela est ensuite laissé jugé par le bon sens du chirurgien.
Parmi les soins post-opératoires, un pansement compressif est appliqué 5 jours au niveau graisse prélevée, où l’on observe les même symptômes qu’en post-liposuccion, avec résorption oedémateuse à 3-4 mois. Au niveau mammaire, des ecchymoses persistent 15 jours en moyenne, l’œdème 1 mois, avec une résorption volumique de 30 à 50 % en fonction de la qualité du tissu adipeux (plus il est huileux, et plus il sera résorbé).
Quelques complications à court terme ont été recensées, principalement des zones de cytostéatonécrose, à surveiller par radiologie. Des embolies graisseuses et méningites lipoïdes sont également à surveiller et diagnostiquer dès les premiers symptômes.
Il existe des contre-indications variant en fonction des circonstances de l’opération (oncologiques ou esthétique pure) telles que : une attente déraisonnable de la patiente quant aux résultats, une réserve de graisse insuffisante, une instabilité pondérale, des facteurs de risque familiaux, histologiques, génétiques (BRCA 1 et 2, PTEN, P53) et médicaux (ex : irradiation thoracique) . En ce qui concerne le secteur oncologique, les contre-indications à la reconstruction concernent : une pathologie cancéreuse mammaire évolutive (ACR 3, 4, 5 ou 6) néo-détectée/ non traitée, une absence de rémission locale, une maladie métastatique non contrôlée , une résection de la tumeur non in sano, un délai de moins de 2 ans après complétion des traitements locaux , des traitements conservateurs incomplets.
Le critère de l’âge > 35 ans n’est plus retenu par ces nouvelles recommandations.
L’HAS souligne ensuite le fait que le document de consentement éclairé doit en priorité informer les patientes sur le manque de données de bonne qualité dans la littérature pour évaluer la sécurité de cet acte par rapport aux données de suivi oncologique encore insuffisantes.
Enfin, il reste à noter que l’acte d’autogreffe de tissu adipeux dans le sein n’est actuellement pas pris en charge par l’Assurance Maladie.
Texte : esanum / pg
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