La question soulève de vifs intérêts. Alors de quoi s’agit il précisément ? Le taux de rémission spontané d’asthme bronchique chez l’adulte, ainsi que la validité au long terme de son diagnostic restent encore incertains.
Une équipe de chercheurs de l’Hospital Research Institute de l’Université d’Ottawa, Canada, a étudié les résultats chez des patients adultes diagnostiqués asthmatiques pris au hasard : est-ce que le diagnostic d’asthme chez ces patients n’est actuellement plus vérifiable ? Si c’est le cas, est-ce qu’un arrêt du traitement antiasthmatique est envisageable sans danger ?
Le résultat de la recherche montre qu’une absence d’asthme a pu être mise en évidence chez un tier des patients, participants à l’étude.
L’étude a été menée sur une période de quatre ans, dans les dix plus grandes villes du Canada. Les participants à l’étude ont été minutieusement sélectionnés selon des critères spécifiques.
Il a été demandé aux médecins des participants quel acheminement avait permis de poser le diagnostic d’asthme. Au commencement de l’études 87 % des participants avaient recours à un traitement médicamenteux contre l’asthme et presque la moitié prenait une médication de contrôle quotidien.
L’intérêt principal de cette recherche est la part des patients ayant un diagnostic d’asthme réfutable au moment de l’étude.
Dans le cas où l’épreuve de provocation bronchique par inhalation de métacholine (MIC : Metacholin Inhalation Test) se révélait négative, la médication de contrôle, glucocorticoïde inhalatoire et bronchodilatateur à longue durée d’action, fût réduite de 50 %. Les patients ont ensuite été réexaminés trois semaines plus tard. Si aucun symptôme d’asthme ne se manifestait, le test MCI serait répété. Dans le cas d’un résultat positif, il conforterait le diagnostic d’asthme. En revanche, en cas de résultat négatif le traitement au long cours est complètement interrompu et la procédure de contrôle recommence trois semaine plus tard. De cette manière on parvient à conclure soit en approuvant le diagnostic d’asthme (n=410; 67%) ou en le réfutant (n=203; 33 %).
Les participants avec un diagnostic d’asthme réfuté furent suivis cliniquement pendant un an par des tests de provocation bronchique répétés. Un résultat d’asthme positif se révéla chez 22 participants. Seuls six d’entre ont dû reprendre leur traitement à long cours à cause de récidive de symptôme asthmatique. Des 181 patients qui après un an n’ont pas exprimés de signe d’asthme, un quart inhalait le traitement de contrôle au quotidien. Aucun effet secondaire majeur n’est à craindre au cours de ce traitement de contrôle. Ainsi un recours inutile à la médication de l’asthme devrait pouvoir être diminué comme l’indique les auteurs canadiens de l’étude.
Les médecins chercheurs observent également des erreures d’interprétation des cas d’asthme apparents. Douze patients - soit 2% de l'ensemble de la cohorte - n’avaient en définitive pas d’asthme, mais une maladie cardiovasculaire sévère comme les maladies coronariennes, ainsi que les sténoses subglottiques ou les bronchiectasies. Les médecins chercheurs ont également diagnostiqué des morbidités plus bénignes telles que des rhinites allergiques et des reflux gastro-oesophagiens.
Il reste maintenant à savoir si la non survenue des symptômes de l’asthme lors de l’arrêt du traitement chez certains patients s’explique par une rémission ou par une erreur de diagnostic. Malheureusement il n’est pas si aisé de répondre à cette question avec certitude. En effet, ayant pour but de confronter le diagnostic, l’examen de recherche de trouble obstructif réversible n’a été effectué chez à peine la moitié des patients dit « non ou plus asthmatique ». Cependant on peut parler de rémission spontanée au sujet de 24 patients. Ils avaient été diagnostiqués asthmatiques sur la base d’un test de fonction pulmonaire, mais aucune manifestation de cet asthme a pu être détecté pendant le déroulement de l’étude.
Par ailleurs, il reste préoccupant de constater que le test de trouble obstructif respiratoire expressément prescrit dans le protocole de l’étude n’a été effectué que trop rarement. II est également intéressant de noter que selon la répartition des participants dans les groupes « diagnostic d’asthme confirmé » ou « n’a jamais été ou n’est plus asthmatique » le taux de réalisation initiale du test se chiffre respectivement à 56 % et 44 %.
- La rémission spontanée de l’asthme bronchique n’est pas à négliger même à l’âge l’adulte
- Lors de la pose du diagnostic il est recommandé de ne pas seulement se fier à la symptomatique mais d’essayer, dans la mesure du possible, d’objectiver la constatation de l’asthme
- Il est bon de réévaluer le diagnostic dans le temps, d’autant plus dans les cas ambigus
- Il est important de suivre les directives recommandées et d’entreprendre avec le patient, lors du suivi d’asthme au long cours, une tentative de réduction, voire même d'arrêt du traitement asthmatique
Sources
Studie : Ein Drittel der Asthma-Patienten leidet überhaupt nicht unter Asthma. Nachricht vom 21.01.2017. www.heilpraxisnet.de (Zugriff am 24.01.2017)
Aaron SD et al. Reevaluation of Diagnosis in Adults With Physician-Diagnosed Asthma. JAMA 2017;317(3):269-79.
Hollingsworth M, O’Connor GT. Asthma--Here Today, Gone Tomorrow? JAMA. 2017;317(3):262-3. (Editorial)
Schumacher S. Spontanremission oder Fehldiagnose ? Viele “Asthmapatienten” sind gar keine. Nachricht vom 23.01.2017. www.springermedizin.de (Zugriff am 24.01.2017)