Cette année ont lieu les derniers ECN au format papier, à partir de 2016 cette épreuve se déroulera sur tablette. Cela va permettre entre autre de rendre l’examen plus proche de la réalité, avec utilisation d’imageries médicales et de progressivité entre les questions empêchant d’avoir accès à une question sans avoir répondu à la précédente, ce qui va permettre l’ajout d’informations au cours du cas clinique. De plus l’examen se déroule actuellement dans 7 centres inter régionaux, obligeant la plupart des étudiants à changer de ville, prendre un hôtel, etc. ce qui représente un réel investissement financier et des conditions parfois peu optimales pour une épreuve aussi importante. L’ECNi se déroulera dans chaque faculté évitant les désagréments dûs à un changement de ville.
La plate-forme SIDES a été mise en place et est alimentée par les facultés, elle vient exclusivement d’une initiative inter-facultaire et pas du tout du ministère. Par ailleurs beaucoup de structures semblables et privées se sont crées ces deux dernières années, la préparation aux ECN a toujours été un filon très lucratif et d’autant plus avec ce nouveau format. La plate-forme SIDES n’a rien d’officiel et ne sera pas la plate-forme sur laquelle les ECN se passeront, cette dernière étant réalisée par le CNG (Centre National de Gestion) et appartient donc au ministère.
Nous comprenons que, le format étant nouveau, les étudiants européens doivent bénéficier d’une vision de ce qui peut les attendre en terme d’utilisation de la tablette pour l’examen et format d’épreuve. En revanche l’accès à la plate-forme paraît un peu excessif, ce serait comme demander à avoir accès aux enseignements de facultés européennes sans y être inscrit.
Nous n’avons pas de position à proprement parlé, en revanche la démarche des étudiants français partant à Cluj de cette façon n’est pas quelque chose que nous encourageons. En effet les étudiants faisant appel à ce système sont souvent jeunes et sortent d’un échec, la décision peut être prise rapidement sous l’effet d’aubaine, alors que ce choix consiste tout de même en une expatriation de six ans dans un pays qui est souvent inconnu. Les études de médecine quelque soit le pays sont longues et difficiles, la solitude due à l’expatriation qui peut s’y rajouter peut être un réel danger pour l’étudiant. Nous ne remettons pas en cause les enseignements dispensés dans d’autres pays, nous pensons même qu’apprendre dans d’autres pays peut être un plus pour l’étudiant. Mais l’isolement des jeunes étudiants dans un pays inconnu est une conséquence d’un choix parfois pris rapidement.
Il existe, il est vrai, une certaine méfiance de la communauté médicale vis-à-vis de ceux qui reviennent exercer en France après s’être formés à l’étranger. Cette méfiance, elle ne concerne évidemment ni les personnes, ni leur choix de vie : tout l’enjeu pour les professionnels de santé français est d’assurer que le service rendu à la population est un service de qualité. La seule question posée aujourd’hui est celle des compétences professionnelles. Comment peut-on garantir qu’un étudiant formé à l’étranger aura les compétences suffisantes pour exercer la médecine une fois revenu en France ?
En l’état, personne ne peut garantir que les formations délivrées à l’étranger rentrent bien dans le cadre imposé aux facultés françaises, notamment en ce qui concerne les recommandations de bonne pratique édictée au niveau national. Il faut sans doute revoir nos procédures d’intégration et de qualification. Un étudiant expatrié qui revient en France est un bon médecin en puissance : par égard pour les patients qu’il soignera, il semble néanmoins indispensable que ses compétences cliniques soient confirmées !
Effectivement le burn-out est une vraie problématique des étudiants en deuxième et troisième cycle. Nous avions réalisé en 2012 une enquête étudiant entre autre le bien-être des étudiants et les chiffres étaient plutôt parlant. (réponse de 7200 externes)
47% des externes souhaiteraient une aide psychologique
87% des étudiants estiment manquer de sommeil à cause de leurs études.
21% ont déjà pensé au suicide dont 8% de manière récurrente.
Prise diverses de substances : 25% ont déjà pris des psychostimulants, 21% ont déjà pris des anxiolytiques…
14% se sont fait diagnostiquer une dépression
59% ont déjà envisagé l’arrêt de leurs études dont 36%de manière récurrente
Récemment le cadre du temps de travail des internes a été revu pour, entre autres, permettre de répondre à ces situations d’épuisement professionnel. Mais pour le moment il n’existe pas de réelle mesure à ce niveau pour les externes.
Texte : pg
Notre série : “Faire ses études de médecine à l’étranger”.
De nombreux Français quittent la France pour faire leurs études de médecine à l’étranger, pourtant l’expatriation n’est pas toujours évidente, en témoignent les événements récents, qui ont eu lieu à CLUJ en Roumanie. Nous avons contacté différents acteurs de la scène médicale ou politique afin d’en apprendre plus sur cette réalité.
Les autres articles de la série sont à découvrir : ici !