La fibrillation atriale - une contraction rapide et irrégulière des oreillettes - est le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent en Europe. Si elle concerne environ 1 % de la population, ce sont les personnes âgées qui sont le plus fréquemment touchées (4 % après 65 ans et plus de 10 % au-delà de 80 ans). Elle peut résulter de pathologies cardiaques (maladie coronaire, hypertension, etc.) et être favorisée par des facteurs tels l’hyperthyroïdie, le diabète, la consommation excessive d’alcool ou encore l’obésité. La cause n’est cependant pas toujours identifiée : des raisons anatomiques ou génétiques sont aussi évoquées.
Non traitée, une fibrillation atriale tend à s’aggraver : les crises sont de plus en plus prolongées. Les complications graves sont fréquentes. La fibrillation atriale est la première cause d’AVC en France. Jusqu’à la moitié des AVC ischémiques pourraient en résulter1. La fibrillation atriale peut également évoluer vers une insuffisance cardiaque.
Le traitement par antiarythmiques n’est pas toujours efficace, parfois contre-indiqué en cas de pathologie cardiaque sous-jacente. Les récidives sont fréquentes. Une intervention invasive peut alors être nécessaire : l’ablation de fibrillation atriale consiste à détruire les zones du cœur responsables de ces arythmies.
La fibrillation atriale est un trouble du rythme complexe. Les oreillettes présentent une activité rapide et chaotique. Ce type de trouble du rythme est d’ailleurs le dernier à avoir été traité par ablation : alors que l’ablation des autres tachycardies consiste à « brûler » une cible unique, la fibrillation atriale est une anomalie électrique qui peut nécessiter une intervention sur l’ensemble du tissu atrial.
Si dans la majorité des cas les foyers responsables de l’arythmie sont situés dans les veines pulmonaires, notamment à la jonction avec l’oreillette gauche, certaines zones de l’oreillette peuvent par la suite s’altérer et devenir elles-mêmes source de fibrillation.
L’intervention est réalisée en introduisant par la veine fémorale un cathéter que l’on guide jusqu’à l’oreillette gauche. Pour supprimer les zones à l’origine de l’arythmie, deux techniques étaient jusqu’alors utilisées en France : la radiofréquence et la cryoablation.
« Nous sommes très heureux d’être les premiers à utiliser cette technologie en France, qui se positionne comme une technologie prometteuse en alternative aux approches actuelles. Elle offre la possibilité de contrôler visuellement les zones ablatées pour garantir un meilleur recouvrement, en utilisant une énergie laser, dont la puissance est ajustable selon l’épaisseur des veines » a déclaré le Dr Jean-Marc Sellal, cardiologue au CHRU de Nancy qui a réalisé cette première en juillet 2019.
En effet, le système mini-invasif utilisé propose des innovations qui assurent un meilleur respect des tissus adjacents. L’endoscope permet de déterminer avec précision l’endroit où effectuer la lésion et garantit un contrôle visuel en temps réel de l’ablation réalisée. Par ailleurs, l’énergie laser focalisée, dont la puissance est ajustable selon l’épaisseur des veines pulmonaires, rend posssible une ablation précise et complète. Enfin, la très grande compliance du ballonnet d’ablation lui permet d’épouser la forme de la veine pulmonaire quelle que soit son anatomie.
Les travaux du CHRU dans le domaine de l’ablation des fibrillations atriales et des tachycardies ventriculaires font régulièrement l’objet de publications scientifiques et de communications lors de congrès internationaux.
« Nous nous réjouissions de pouvoir nous appuyer sur l’expertise en rythmologie du CHRU de Nancy pour développer cette nouvelle technologie et en faire un centre de référence et de formation » a précisé Hervé Mayer, vice-président ventes France de MicroPort CRM, le distributeur du dispositif HeartlightTM conçu par la société CardioFocus.
1- Moran JF. Chapter 9 – Neurologic complications of cardiomyopathies and other myocardial disorders.
Handbook of Clinical Neurology 2014;119:111-128.
DOI: 10.1016/B978-0-7020-4086-3.00009-6