Ensuite, comme le veux la tradition ici, nous avons pu avoir contact avec des patients et les interroger. Pas tous en même temps naturellement, non, chaque jour un patient différent et un étudiant en charge de l’interroger.
Cet interrogatoire est quelque chose de très délicat, car il est forcément très personnel, et ce n’est pas évident de s’y confronter la première fois. On a peur de ne pas être assez « délicat », assez fin dans la tournure de ses questions. On a aussi cette crainte du « blanc », cet instant où l’on réfléchi à l’angle à aborder en laissant un silence régner, qui peut être perçu comme de la gêne.
En réalité, ce qui nous désarçonne sûrement, c’est qu’il ne s’agit pas d’un interrogatoire mécanique, orienté vers des symptômes corporels, comme dans les autres disciplines plus ou moins (même si il ne devrait jamais s’agir d’ « interrogatoire mécanique » dans la relation médecin-patient). Plutôt, pour reformuler : ici, la différence majeure est que c’est le patient lui-même qui guide cet interrogatoire en grande partie, qui aborde les sujets qui lui tiennent à cœur sur le moment. Le thérapeute lui se doit alors de rebondir pour approfondir quelques sujets qu’il pense être pertinents pour saisir la dynamique, l’ampleur et la profondeur du trouble. Tout en respectant bien sûr l’intimité du patient et ce dont il ne se sent pas encore prêt à aborder.
La difficulté de cet « exercice » est de pouvoir obtenir une vue d’ensemble sur les liens de vie, les connections de la personne qui vient en consultation, car celle-ci peut se focaliser sur un point et un seul, beaucoup éluder. Il est vrai que cela fait alors partie de la personnalité de la personne à prendre en compte, sa façon de vouloir gérer et se protéger des évènements.
Dans le même temps, il faut porter une attention particulière aux gestuelle et mimiques du patient, mais également aux siennes ! La relation de confiance qui doit s’établir pour que le patient se sente libre d’exprimer ce qu’il ressent et ce qui le tourmente est absolument primordiale ; c’est pourquoi il ne faut pas envoyer de « faux messages » au patient en face avec nos expressions, qu’il pourrait mal interpréter, et avoir l’impression d’être jugé par exemple.
Enfin, l’empathie est aussi indispensable dans ces entretiens, mais gare à ne pas tendre à absorber la peine du patient non plus, car ce serait néfaste pour les 2 interlocuteurs !
Il s’agit donc d’un exercice humain, qui requiert notre ressenti et notre intuition, sous un autre angle que dans les autres services, bien que ceux-ci sont aussi très utiles à développer pour ces derniers !