La pilule augmente-t-elle le risque de troubles anxieux ?

Les contraceptifs oraux interfèrent considérablement avec l'équilibre hormonal. Ils pourraient également modifier la régulation des émotions et favoriser les troubles anxieux.

Combien de femmes prennent la pilule ?

La pilule provoque-t-elle des troubles anxieux ?

La peur est une émotion fondamentale qui peut être nécessaire à la survie. Cependant, les réponses anxieuses excessives et déconnectées de la réalité sont psychologiquement et socialement éprouvantes. Les troubles anxieux se caractérisent par une régulation insuffisante des émotions, ce qui entraîne un maintien des symptômes anxieux. Ils sont plus fréquents chez les femmes et la question de savoir si la pillule pourrait les exacerber se pose.  

L'équipe de chercheurs a recruté pour son étude des adultes en bonne santé âgés de 23 à 35 ans :

Comment la contraception orale modifie-t-elle le cerveau ?

Dans cette vaste étude faisant partie d'un projet de recherche plus important, des examens IRM structurels et fonctionnels ont été faits pour rechercher les corrélats morphologiques cérébraux de la prise de contraceptifs oraux.

Deux particularités ont été mises en évidence :

1. Concernant le volume de la substance grise (GMV)

Dans la région du cortex cingulaire antérieur dorsal (dACC), les trois groupes de femmes présentaient un GMV plus important que les hommes. Cette région est associée à l'expression et à l'évaluation de la peur. Elle est considérée comme favorisant l'anxiété. Plus le volume est important, plus l'influence est forte. Cette relation a déjà été démontrée chez des patients anxieux.

2. Concernant l'épaisseur corticale (CT)

Des modifications ont également été observées dans la région du cortex préfrontal ventromédian (vmPFC), mais cette fois-ci uniquement chez les femmes qui utilisaient à ce moment une contraception hormonale. Cette région était plus mince chez elles que dans le groupe des hommes et chez les autres femmes. Contrairement au dACC, le vmPFC a un effet inhibiteur sur l'anxiété. Plus la région est épaisse, plus l'extinction de la peur et la résilience après une exposition à un traumatisme fonctionnent bien, et moins le risque de généralisation de l’anxiété est élevé.

Quelles sont les implications quant au lien entre la pilule et l'anxiété ?

Les chercheurs en tirent les conclusions suivantes : d'une part, il semble y avoir des différences fondamentales entre les sexes dans les psychopathologies liées à l'anxiété. Ce qui avait déjà été étudié empiriquement pourrait maintenant s'expliquer sur la base de ces résultats par la morphologie du cerveau. Le plus grand volume du dACC observé chez les femmes pourrait constituer une prédisposition féminine aux troubles anxieux.

D'autre part, cette sensibilité accrue pourrait être exacerbée par la prise de contraceptifs oraux. L'amincissement de la région anxiogène du vmPFC visible uniquement chez les femmes prenant actuellement la pilule plaide en ce sens. Comme ce changement n'a pas été observé chez les anciennes utilisatrices, l'effet semble être réversible.

Toutefois, les scientifiques font remarquer que la prudence est de mise quant à l'interprétation des liens entre la morphologie cérébrale et le comportement. Selon eux, les circuits émotionnels sont trop complexes et multifactoriels pour être attribués à un seul mécanisme.

Influence de la pilule sur le cerveau

La pilule pourrait influencer des régions clés du cerveau impliquées dans l'expression et la régulation de l'anxiété. C'est surtout pendant l'adolescence, lorsque le système nerveux est encore en développement, que les hormones exogènes affecteraient certaines zones de manière sensible. Cela devrait être pris en compte lors du choix de la méthode contraceptive chez les jeunes femmes.

Sources

  1. Brouillard A et al (2023): Morphologic alterations of the fear circuitry: the role of sex hormones and oral contraceptives. Front. Endocrinol. 14:1228504. doi: 10.3389/fendo.2023.1228504