“La santé n’a pas de prix, mais a un coût.”
Hier, le 19 juin, la ministre de la santé, Marisol Touraine, rendait publiques les orientations de la loi de santé qui sera présentée au Conseil des Ministres en septembre prochain.
Le plan de santé du gouvernement est motivé par trois enjeux majeurs qui sont: le parcours de soins organisé, la levée les obstacles financiers et la garantie de l’égal accès aux soins partout. Des enjeux louables mais qu’en est-il des moyens mis en oeuvre pour les réaliser ?
Au coeur du projet la généralisation du tiers-payant. Généralisation qui permettrait selon Madame Touraine un meilleur accès aux soins. La ministre se dit persuadée que le coût du médecin est un frein à l’accès aux soins. Ainsi généraliser le tiers-payant signifie tout simplement que le patient qui consulte n’aura plus besoin d’avancer quoi que ce soit et que la sécurité sociale remboursera directement le praticien consulté.
Cette réforme polèmique semble se vouloir plus démagogique que sociale, car si elle vient donner une nouvelle dimension à la médecine française en égalisant l’accès aux soins pour les personnes les plus démunies, elle vient aussi mettre en jeu la responsabilisation des patients. En payant une somme même infime lors de sa visite chez le médecin, le patient est responsabilisé, il prend conscience de la valeur du soin apporté et veille ainsi à ne pas en abuser. Or si le tiers-payant se voit généralisé, une surconsommation médicale causée par la gratuité des soins risque de voir le jour, accentuant par la même occasion le sentiment déjà présent de désertification médical.
Cette réforme a aussi des enjeux financiers : si la Sécurité sociale prend en charge toutes les dépenses de la population, on l’expose au risque d’augmenter un déficit déjà important.
La réforme vient par ailleurs renforcer le sentiment d’étatisation de la médecine libérale ressenti par les praticiens libéraux, notamment lors de la mise en place du pacte territoire santé. La rémunération des médecins ne passera pas plus par le patient mais par un organisme étatique qui prend peu à peu de plus de place dans le système médical français.
De la mise en place d’un médecin traitant pour les enfants avant 16 ans, en passant par la création de logos renseignant sur la valeur diététique des aliments transformés ou une meilleure organisation du parcours de santé avec un dossier médical partagé, les réactions du corps médical et de la presse ne se sont pas faites attendre. Ainsi sur les réseaux sociaux, les médecins s’indignent et s’inquiétent alors que la presse nationale fait de cette loi prochaine ses gros titres.
Si la ministre se plait à répèter que ces mesures répondent à de véritables objectifs d’efficacité, les réactions provoquées avant même que la loi n’ait été présentée aux ministres laissent planer le doute sur l’efficacité réelle du projet.