Dans cette colonne, j’aimerais vous partager mon quotidien dans un hôpital rwandais et vous faire part des facteurs socioculturels qui touchent à la santé, des opportunités et des défis de santé publique dans un pays en pleine transformation. Je vous invite donc à suivre mes quêtes médicale, anthropologique et culturelle au pays des mille collines.
La seule fois ou le Rwanda a attiré l’attention médiatique mondiale était lors du génocide de 1994 et dans le silence assourdissant des pays développés. Après quatre mois de massacres et plus d’un million de morts, le pays était mis à genou, l’appareil d’état et les infrastructures étaient détruits et rien ne semblait pouvoir sortir cette nation de l’agonie.
Mais pourtant, à la surprise du monde entier, le Rwanda, avec sa superficie égale à celle de la Bretagne, a réussi à se relever vite grâce à une réconciliation ethnique douloureuse mais nécessaire, à rétablir l’ordre social et même à enregistrer une croissance économique fulgurante. En effet, le pays a été récemment loué par l’ONU comme le pays le plus rapide au monde en termes de développement selon l’index de développement humain[i] et le Rwanda ne cesse d’impressionner avec une modernisation agile et globale, des politiques publiques inclusives et progressistes, ainsi qu’une vision ambitieuse répondant aux aspirations du peuple.
En matière de santé publique, l’estimation de vie au Rwanda a augmenté de 32 ans entre 1990 et 2015 pour dépasser les 65 ans[ii], la sécurité sociale couvre 95% de la population, pourtant très pauvre, et l’incidence du VIH, qui était pourtant utilisé comme arme d’extermination pendant le génocide, ne dépasse plus les 3%.
Au travers d‘observations sur le terrain, de discussions avec les jeunes rwandais, de différentes entretiens avec les acteurs principaux du secteur sanitaire et en s’appuyant sur des documents officiels, j’essaierais de dessiner une vue d’ensemble du système de santé publique de ce pays et de juger si la réalité correspond aux chiffres fabuleux rendus publics par le gouvernement et les institutions internationales.
Dans mon prochain article, je vous emmènerai découvrir le Centre Hospitalier Universitaire de Butare ainsi que l’équipe du Dr. Robinson, Chef de service de chirurgie.
Texte : esanum / am
[i] //www.economist.com/news/21684038-quarter-century-progress-worldu2019s-fastest-developing-countries
[ii] //www.who.int/gho/countries/rwa.pdf?ua=1&ua=1