Petit retour sur la pathologie : La lèpre est causée par une infection par le mycobacterium leprae, appelé aussi bacille de Hansen, un bacille acido-alcoolo résistant. Cette mycobactérie a un tropisme particulier pour la peau et les cellules de Schwann humaines, et se transmet de façon directe interhumaine par voie aérienne (goutelettes buccales ou nasales). Ceci dit, la transmission nécessite des contacts étroits et rapprochés avec un sujet infecté et non traité.
On classe la lèpre en plusieurs formes, selon la symptomatique :
– lépromateuse (la plus contagieuse)
-tuberculoïde
-interpolaire / borderline
– neurologique pure.
De plus, on distingue les formes paucibacillaires (PB) des formes multibacillaires (MB), ces dernières seulement ayant un pouvoir de contagion. La différence entre ces deux formes est déterminée par la réponse immunitaire à médiation cellulaire du malade.
Aujourd’hui, il existe des traitements recommandés (par schémas standardisés) par l’OMS : il s’agit d’une polychimiothérapie (PCT), selon les formes PB/MB. Il repose sur l’association de 3 antibiotiques : la rifampicine, le dapsone et la clofazimine. En alternative peuvent être administrés l’ orofloxacine , la minocycline et/ ou la clarithromycine. Grâce à ce traitement, on peut guérir de cette infection définitivement en 6 à 24 mois si elle est détectée à temps! Il est également à noter que jusqu’ici, il n’y a pas eu de résistance au traitement.
Pour combattre la lèpre donc, l’OMS met ce traitement gratuitement à la disposition de tous les sujets atteints dans le monde depuis 1995, ce qui a permis de considérablement diminuer son incidence mondiale! Malgré cela, la lèpre reste un problème de santé publique : on compte en effet plus de 200 000 nouveaux cas par an dans le monde. Elle reste donc une maladie endémique en Asie (en Inde principalement et en Asie du Sud-Est en particulier), en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient et aux Caraïbes. En Europe, bien qu’elle ne soit plus endémique, on enregistre tout de même environ 20 nouveaux cas par an en France (chez des patients originaires de DOM-TOM, surtout de Mayotte , ou de pays d’endémie).
Pourquoi les pays les moins avancés représentent toujours une zone endémique ?
Tout d’abord, le taux de multiplication du virus est très bas et la bactérie a donc une période d’incubation longue de 5 à 20 ans, durant laquelle une dissémination avant diagnostic est possible! D’autres facteurs impliqués sont les conditions environnementales défavorables par la promiscuité, la sous-alimentation, mais aussi facteurs génétiques ! Par exemple, le gène PARK2, certains gènes de la région HLA, et le gène du Rc Toll-like 2 selon sa forme augmenteraient le risque de développer la maladie.
Que faire alors pour réduire l’incidence de la maladie et atteindre l’objectif universel fixé au seuil de prévalence mondial de 1cas/10 000 habitants ?
En mesure de prévention, il s’avère que la vaccination par le BCG permettrait une protection de quelques années chez les enfants. Puis, l’OMS, en plus de la mise à disposition de la PCT antihansénienne met en place une stratégie de 2011 à 2015 visant à se concentrer davantage sur les régions mal desservies et les zones inaccessibles, et à améliorer la gestion des dossiers, le suivi des malades, la recherche de leurs contacts et leurs surveillances au sein des programmes nationaux. Enfin, il est important de souligner que changer l’image de la lèpre est un point qui pourrait améliorer fortement l’élimination de la maladie, car cela favoriserait la consultation spontanée et alors le traitement précoce des malades, en diminuant la dissémination.