Organisés par la Federazione Nazionale degli Ordini dei Medici Chirurghi e degli Odontoiatri (FNOMCeO : féderation nationale des ordres des médecins, chirurgiens et dentistes), les États généraux de la profession médicale ont été lancés les 16 et 17 mai.
Les médecins évoluent plus lentement que leur profession. La médecine est au service d’une société dont les besoins changent. La manière d’être médecin doit évoluer aussi. Un processus de réforme vaste et complexe, mais aussi un processus créatif qui suppose de savoir « quoi changer » et « comment changer ». Quelle identité pour le médecin de plus en plus piégé entre ce qu'il a été, ce qu'il est malgré lui et ce qu'il devrait être ? Quelle identité pour le médecin du troisième millénaire ? Tel est l'enjeu de ces États généraux.
Ses promoteurs veulent que la réflexion s’installe dans la durée, un an et demi, et implique l'ensemble de la société civile. Objectif : redéfinir le rôle de la médecine et des médecins. Ces États Généraux concerneront toutes les composantes de la profession médicale et dentaire, mais aussi les autres professionnels de santé, les anthropologues, les sociologues, les leaders d'opinion, les philosophes, les économistes, les intellectuels. Six lignes directrices guideront ces débats :
1. Changements et crises
2. Le médecin et la société
3. Le médecin et l'économie
4. Le docteur et la science. Clinique et culture
5. Le médecin et le travail
6. La médecine, le médecin et l'avenir.
Première pierre de l’édifice, la présentation des Cent thèses par Ivan Cavicchi. Ce « philosophe de médecine » - auteur d'importants essais sur la médecine - exhorte la profession à se repenser et à évoluer depuis des années. À terme, cette réflexion doit conduire à la rédaction d’une véritable Magna Carta de la profession.
L'époque où la médecine était avant tout une affaire médicale est révolue. La médecine et les médecins sont désormais au cœur des débats des citoyens, représentants politiques, économistes, gestionnaires, etc. Autant d'acteurs, autant de contextes, d’intérêts et de visions différentes du monde. En un mot, un haut degré de complexité auquel les médecins ne sont pas habitués.
Dans l'histoire récente, aucune discussion portant sur la profession - ses fondements, son identité, son rôle - n'a jamais été abordée à l'échelle nationale. Au cours du XXe siècle, la profession médicale s'est développée en même temps qu'un puissant progrès scientifique et que les systèmes de protection sociale. C'est vers la fin de ce siècle qu'elle a commencé à être soumise à des conditions économiques et socioculturelles ainsi qu'à l’évolution de la demande des citoyens, plus conscients de leurs droits et désireux de participer davantage aux choix de santé.
En ce sens, le débat relayé par la FNOMCeO doit être considéré comme un événement historique car la crise dans laquelle se trouve la profession a des caractéristiques sans précédent. Il s'agit donc de promouvoir la discussion pour aboutir à la construction d’une plate-forme. Cette plate-forme sera utilisée par la FNOMCeO comme base d'une action politique, culturelle et syndicale de type revendicatif. Elle permettra de définir les objectifs à d'atteindre par la négociation avec les partenaires institutionnels et sociaux.
Pour nourrir et encourager la discussion seront utilisées des « thèses », c'est à dire des déclarations particulières, de nature différente, liées à la crise de la médecine et à celle du médecin. L'objectif est d'énoncer de manière claire et concise - lorsque cela est possible - les analyses, les croyances et les propositions.
Ces thèses qui explorent la réalité professionnelle des médecins et ses contradictions doivent être considérées comme des « provocations », dans le bon sens du terme, c'est-à-dire des arguments pour solliciter et provoquer un débat, des réflexions, des déclarations. « Secouer l'arbre » pour élargir les horizons. Ces 100 thèses ont été élaborées par le Prof. Ivan Cavicchi, qui explique : « Le médecin d'aujourd'hui, en raison des processus économiques et culturels et d'un conditionnement plus varié, devient autre chose, la pire version de ce qui devrait être un professionnel. Nous voulons revenir, pour ainsi dire, à la meilleure version du médecin qui est à la hauteur des défis que pose le troisième millénaire et à la lumière des complexités existantes. »
Sur la base de ces publications, les Ordres provinciaux ont ensuite la tâche matérielle d'organiser la discussion dans leurs bureaux, d'impliquer autant de confrères que possible et de faire remonter les résultats du débat à la Fédération nationale.