Iran : appel pour sauver un médecin condamné à mort

Après des tortures et un simulacre de procès, le Dr Ghare-Hassanlou a été condamné à mort. Il peut être exécuté d'un moment à l'autre.



Mise à jour : 22 décembre 2022

Des informations contradictoires circulent quant au sort d'Hamid Ghare-Hassanlou. La version allemande d'une pétition réclamant sa libération annonce que la peine de mort prononcée devrait être commuée. C'est aussi l'information diffusée le 21 décembre par Etemaad, l'un des rares quotidiens réformateurs et indépendants encore autorisés en Iran. 

En réaction, l'agence officielle de l'Autorité judiciaire iranienne a précisé qu'«aucune condamnation définitive n'a été prononcée» concernant Hamid Ghare-Hasanlou, laissant délibérément planer le doute sur le sort de ce médecin.



Hamid Ghare-Hassanlou est l'une des 28 personnes qui peuvent être exécutées à tout moment en Iran. Médecin radiologue, Hamid et sa femme Farzaneh ont fait l'objet d'un simulacre de procès pour avoir «répandu la corruption sur Terre». Ce chef d'accusation vague est utilisé par les autorités iraniennes pour qualifier des activités qui perturbent l'ordre public. 

Début novembre, le couple a été brutalement arrêté à son domicile de Karaj, près de Téhéran, sous les yeux de leur fille adolescente. Leur crime ? Avoir assisté aux funérailles de Hadis Najafi. Cette jeune femme est la seconde martyre du régime iranien : elle a été tuée de six balles par la police alors qu’elle manifestait suite à la mort de Mahsa Amini, en septembre.

Au retour de la cérémonie, le couple a été bloqué dans la circulation et s’est retrouvé sur une route secondaire près de l’endroit où un bassidji – un membre de la milice relevant du Corps des gardiens de la révolution islamique – a été tué.


Le couple a été torturé

D’après une source citée par Amnesty International, les autorités ont torturé le couple pour arracher des «aveux» à Hamid Ghare-Hasanlou et contraindre sa femme à faire des déclarations à charge contre lui. 

Hassan, le frère de Hamid, précise que Farzaneh a été battue au point qu’elle finisse par avouer que son mari avait peut-être donné des coups de pied au milicien. «Elle a résisté le premier jour. Le deuxième jour, ils lui ont dit qu’ils savaient où se trouve leur fils (...) et que si elle n'avouait pas qu’Hamid a frappé la victime, alors ils arrêteront leur fils qui subira les mêmes tortures et sera peut-être tué.»

Farzaneh s'est ensuite rétractée et a déclaré au tribunal que ses aveux avaient été obtenus sous la torture. «C'est la seule preuve qu'ils ont contre Hamid», résume Hassan. Suite aux tortures, Hamid a dû être opéré pour une hémorragie interne causée par six fractures aux côtes. Lorsqu'il a été extirpé de l’hôpital pour être conduit à son procès, il était encore sous sédatifs. 



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Hamid Ghare-Hassanlou à l'hôpital après son arrestation.
(Crédit : DR)


Un simulacre de procès

Le couple a été jugé le 30 novembre lors d’un procès collectif incluant 15 personnes. Devant le tribunal révolutionnaire de la province d'Alborz, les autorités ont attribué à tous les accusés, sans distinction, l'agression mortelle du bassidji. Hamid fait partie des cinq condamnés à mort. Farzaneh a reçu une peine de 25 ans d’emprisonnement, sans possibilité de recevoir des visites.     

Les deux premiers avocats du couple ont abandonné le dossier après avoir été menacés par des agents des services de renseignement. Hamid et Farzaneh ont donc été «défendus» par un avocat commis d’office par les autorités. D’après le frère d’Hamid, c’est cet avocat qui a décidé, malgré les avis médicaux contraires, qu’il était en état d'être jugé. 

«Le médecin légiste avait dit que Hamid ne pouvait pas être présent au tribunal, qu'il ne pouvait même pas avoir un appel vidéo. C'est pourquoi il était absent de la première session au procès, mais ils l'ont quand même emmené au tribunal pour la deuxième session.» Le procès n’a duré que quelques instants. Il était public mais seuls des médias affiliés au régime étaient autorisés. 


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Hamid Ghare-Hassanlou et Farzaneh durant leur «procès».
(Crédit : memi.org)
 

Hooman Hosseini Nik, radiologue canadien, a fait son internat en Iran avec Hamid Ghare-Hassanlou. Il explique qu’il n'existe aucune preuve contre le couple. Évoquant son ami, il salue «un médecin très éthique et professionnel», «une personne modeste» et précise qu’Hamid et Farzaneh ont construit trois écoles dans des communautés isolées du sud de l'Iran. 

«Nous travaillons maintenant pour lui sauver la vie», a déclaré Saeed Zavareh, un autre médecin. Ce spécialiste en médecine interne, installé à Vancouver depuis 20 ans, a toujours des contacts étroits avec l’Iran. Il essaie de mobiliser les associations de médecins partout dans le monde. «Nous avons entendu dire qu'ils prévoient de l'exécuter avant qu'on puisse l'aider.»

Deux pétitions demandent la libération du couple. L'une, sur change.org a déjà recueilli plus de 130.000 signatures. Une autre, diffusée sur twitter par le Dr Mohammad K Attari, s'adresse spécifiquement aux médecins et professionnels de santé.



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Hamid, Farzaneh et leurs enfants, avec leur ami Dominik Metzger
(Crédit photo : Dominik Metzger)


Benoît Blanquart

 

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Références :
- Global News – ‘Oppressions and injustice’: Canadians want fair trial for imprisoned Iranian philanthropists
- Amnesty International – Iran: Death penalty sought in sham trials
- Amnesty International – Iran : Action urgente, 28 personnes risquent l'exécution
- Radio Farda – Brother Of Iranian Doctor Handed Death Sentence Says Wife's Confession Came After She Was Tortured
- Dominik Metzger – Iran: When a friend is sentenced to death