Invagination intestinale aiguë sur cancer grêlique de type GIST

Patiente de 57 ans sans antécédents médico-chirurgicaux particuliers, hospitalisée en urgence pour syndrome occlusif aigu haut. La symptomatologie était typique avec nausées, vomissements, arrêt des matières et des gaz et douleurs abdominales évoluant depuis moins de 24 heures. L’ASP présentait des niveaux liquides plus longs que hauts et le sca

Patiente de 57 ans sans antécédents médico-chirurgicaux particuliers, hospitalisée en urgence pour syndrome occlusif aigu haut. La symptomatologie était typique avec nausées, vomissements, arrêt des matières et des gaz et douleurs abdominales évoluant depuis moins de 24 heures. L’ASP présentait des niveaux liquides plus longs que hauts et le scanner abdominal sans injection montrait une jonction segment plat/dilaté au niveau du grêle.

Une cœlioscopie exploratrice est pratiquée et révèle une invagination intestinale aiguë du grêle sur la partie terminale de l’iléon. Dans le même temps l’étiologie est mise en évidence: une tumeur stromale gastro intestinale (GIST) est retrouvée (tumeur mésenchymateuse rare). Il n’existe pas de complications.

La prise en charge thérapeutique fut : désinvagination simple avec résection anastomose de la GIST. Les suites opératoires furent simples.

L’invagination intestinale est la pénétration d’un segment intestinal et de son méso dans le l’intestinal d’aval entraînant une occlusion mixte par obstruction de la lumière digestive et striction des vaisseaux mésentériques au niveau du collet. C’est une urgence thérapeutique.

L’invagination intestinale chez l’adulte est un diagnostic rare. Elle représente 1 à 5% des étiologies d’occlusions digestives, 5% de l’ensemble des invaginations et  0,002% des hospitalisations.

Elle est secondaire à une cause organique dans 70 à 90 % des cas, ces causes sont: néoplasiques( Adénocarcinome, lymphome, metastases), inflammatoires (MICI, appendicite) ou bénignes (lipomes, polypes fibreux). Dans 50% des cas la lésion est un adénocarcinome lüberkunien colique. L’invagination intestinale est beaucoup plus fréquente chez l’enfant dont l’étiologie est à 95% idiopathique et la présentation est généralement aiguë. Les formes idiopathiques chez l’adulte ont une incidence beaucoup plus élevée dans certains pays d’Afrique ou d’Asie. Les raisons de ces différences géographiques sont inconnues et certains facteurs tels que la diététique et les parasites sont évoqués.

L’invagination est le plus souvent de siège iléo-iléal. Le diagnostic est difficile et le plus souvent fait en préopératoire devant une occlusion. Elle se manifeste fréquemment par des signes non spécifiques (modification du transit, Douleurs abdominales diffuses, saignements digestifs) et variables de survenue épisodique pouvant évoluer pendant plusieurs mois, favorisant le retard diagnostic. Plus rarement, elle se manifeste par un syndrome aigu lié à l’occlusion ou à la perforation. La tomodensitométrie est l’examen de choix chez l’adulte. elle permet de mettre en évidence l’invagination: le corps de l’invagination se présente sous forme de multiples anneaux concentriques hypo- ou hyperdenses, donnant un aspect en cocarde ou cible sur les coupes de face et en sandwich sur les coupes transversales avec le classique signe du croissant de tonalité graisseuse et permet d’apprécier le degré de souffrance viscérale et de retrouver la lésion responsable.

Chez l’adulte l’intervention chirurgicale doit être systématique, elle permet de réaliser une résection intestinale de l’étiologie. Il est raisonnable de ne pas faire de tentatives de désinvagination et d’envisager d’emblée une résection en bloc, large, à visée carcinologique dans le cas où l’on suspecte la présence d’une tumeur maligne sous-jacente. Au stade tardif de nécrose irréversible, il est recommander de réaliser la résection en bloc sans désinvagination intestinale première. Dans le cas où le diagnostic est fait tôt, à un stade sans ischémie ou nécrose intestinale, la réduction première est justifiée. L’abord laparoscopique d’une invagination du grêle peut être réalisée d’emblée si l’imagerie préopératoire évoque l’existence d’une cause bénigne et si le diagnostic est précocement posé. Dans le cas d’invagination colique, la laparoscopie ne semble pas indiquée en raison de la fréquence des tumeurs malignes.

Texte : esanum / pg


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