Un essai clinique a mis en évidence que l’association de deux molécules aux cibles différentes démultipliée l’efficacité de l’immunothérapie en traitement du mélanome. 945 personnes, souffrant de ce cancer ont participé à cet essai clinique international, aucun d’eux n’avait déjà été traité. C’est à l’occasion de la conférence de l’American Society of Clinical Oncology (Asco) à Chicago, qui avait lieu ce dimanche que les résultats ont été rendus publics.
L’essai, a comparé l’action de trois traitements différents le premier à base de nivolumab (Opdivo) le second à base de l’ipilimumab (Yervoy) et le troisième étant une association de ces deux molécules produites par le même laboratoire américain Bristol-Meyers Squibb, financeur de l’étude. L’Opdivo est actif sur la protéine PD-1, qui empêche le système immunitaire de remarquer et donc de détruire les cellules cancéreuses. Le Yervoy, qui est la première immunothérapie mise au point contre le mélanome, déverrouille la protéine CTL-4 des cellules immunitaires. Ceci leur permet ensuite d’attaquer le cancer.
La période de suivi de neuf mois à permis de constater que le nivolumab seul a plus que doublé la période moyenne, durant laquelle le mélanome n’a pas progressé par rapport à l’ipilimuma (6,9 mois contre 2,9 mois). Cependant, l’association de ces deux immunothérapies s’est montré bien plus efficace, le gain a ainsi atteint les 11,5 mois. Alors que la réponse des patient au traitement s’élevait à 43,7% pour le nivolumab et 19% pour l’ipilimumab (en solo), elle était nettement plus élevée avec la double immunothérapie, dont le taux de réponse s’élevait à 57,6%. La réduction moyenne de la tumeur a été de 52% avec le traitement double et de 34% avec le nivolumab seul tandis que l’ipilimamab seul n’a pas permis de réduction mais plutôt une augmentation de 5%. Le Dr Jedd Wolchok, chef du service sur le mélanome au Memorial Sloan Kettering Cancer Center à New York a mené l’étude et déclaré : “Nous sommes très encouragés par l’efficacité observée de cette combinaison”. Selon lui, des études précédentes ont montré que de nombreux malades ayant cessé leur immunothérapie plus tôt, ont continué à bien se porter, tout en admettant qu’on ignore encore combien de temps un malade doit être sous traitement pour activer durablement son système immunitaire.
Cependant, conformément aux attentes, le taux d’effets secondaires sévères a été plus élevé avec le traitement double : plus de 30% des participants ayant suivi ces traitements ont souffert de sévères effets secondaires et certains malades ont même dû les arrêter. L’oncologue Steven O’Day, directeur de recherche du centre du cancer de Beverly Hills (Californie), non participant à l’étude a précisé : “Le cocktail nivolumab-ipilimumab a provoqué des effets secondaires importants qui pourraient surpasser les bienfaits chez certains malades”, révélant ensuite à la presse que “cette toxicité, qui a été certes un grand problème, peut être contrôlée et inversée relativement rapidement”, qu’aucun décès n’en a résulté durant l’essai clinique.
À l’heure actuelle, l’ipilimumab et le nivolumab disposent tous deux d’une autorisation par la FDA, l’agence américaine des médicaments, mais seulement en usage séparé, en traitement de mélanomes métastatiques inopérables ou avancés. Le Dr Wolchok a précisé, que le coût du traitement combiné est d’environ 125.000 dollars ( un traitement équivaut à 4 doses).
Source : AFP / pg