L’hypertension artérielle est une maladie chronique qui touche plusieurs organes. Elle touche même l’intégralité des organes puisque puisque qu’ils sont tous vascularisés.
L’hypertension artérielle va modifier la vascularisation des organes avec une modification des pressions, une modification des flux, une modification des débits. La paroi artérielle va évoluer sous l’effet de cette hypertension artérielle progressivement pendant les années et les décennies où l’individu est soumis à cette hypertension. Cette évolution comprend un élargissement de la lumière des artères, un épaississement de leur paroi et une modification du contenu de cette paroi. Ces modifications sont différentes en fonction du calibre (microcirculation, macrocirculation) et en fonction du type des artères (artères musculaires, artères élastiques).
Finalement, il va y avoir une adaptation à cette hypertension artérielle avec notamment une multiplication des cellules musculaires au sein des parois artérielles et au sein de la paroi cardiaque, une fibrose de ces parois afin qu’elles puissent s’adapter à ces nouvelles contraintes hémodynamiques. Tout cela pour dire que les complications de l’hypertension artérielle vont toucher tous les organes. En ce sens, l’hypertension artérielle est une maladie chronique où la prise en charge devrait être pluri-disciplinaire aux différents moments d’évolutivité de la maladie.
Au début de la maladie hypertensive, le plus souvent, le médecin généraliste est le premier et seul acteur médical dans l’univers du patient. Néanmoins, au fur et à mesure de l’évolution de cette hypertension artérielle, il va y avoir une nécessité d’implémentation de nouveaux acteurs en fonction des complications survenant. Ces complications peuvent être en rapport avec des évènements cardiovasculaires ou rénaux, avec des complications métaboliques associées à cette hypertension artérielle (notamment un diabète de type 2 fréquemment associé à l’hypertension), ou encore à des situations spécifiques comme par exemple la survenue d’une hypertension artérielle résistante ou sévère. Lors de toutes ces étapes, s’il l’estime opportun, le médecin généraliste va se faire aider d’un spécialiste d’organes (cardiologue, néphrologue, neurologue, endocrinologue …) ou d’un généraliste spécialisé dans l’hypertension artérielle.
La prise en charge optimale d’un patient hypertendu est donc une prise en charge pluri-disciplinaire. Il faut qu’il y ait un chef d’orchestre ; ce rôle est le plus souvent joué par le médecin traitant ; il peut aussi être joué par un spécialiste d’hypertension artérielle, qu’il soit médecin généraliste, cardiologue, néphrologue, endocrinologue … Ce qui importe, c’est qu’il y ait l’expertise spécialisée nécessaire au moment opportun ; ni trop tôt, ni surtout trop tard.
Internet a bien entendu bouleversé la relation médecin-patient, la prise en charge médicale en général et la prise en charge de l’hypertension artérielle en particulier.
La majorité des patients vont à la recherche des informations concernant la ou les maladies qui leur auront été diagnostiquées. Cela semble bien légitime. Il appartient au médecin de recadrer ces informations, de pouvoir séparer le bon grain délivré et de pouvoir réajuster et individualiser ces informations à la situation spécifique du patient. Nous savons bien qu’il y a toute une série d’informations obtenues sur Internet dont la validité scientifique est toute relative ; parfois des informations complètement fausses circulent sur le net, des rumeurs, des fausses informations concernant notamment les médicaments. De nombreuses théories complotistes peuvent être accessibles, habituellement concernant l’emprise de l’industrie du médicament sur les informations médicales et la prescription médicale.
Traditionnellement, on sépare les informations relatives à l’hypertension artérielle à destination des professionnels des informations relatives à l’hypertension artérielle destinées aux patients. Cette vision apparaît désormais comme passéiste. Il n’y a pas de bonnes raisons de ne pas donner l’intégralité des informations au patient. C’est son niveau intellectuel et son niveau de compréhension qui doit dicter le type d’informations qu’il faut lui donner ; en bref, il faut lui dire tout ce qu’il est capable de comprendre concernant sa maladie.
C’est pour cela que sur le nouveau site Internet de la Société Française d’Hypertension Artérielle, les recommandations destinées aux professionnels de santé sont également accessibles aux non-professionnels de santé, et en particulier au malade. La Société a estimé que c’est en diffusant ce type d’informations médicales que l’on pourrait (pourra) avoir un impact significatif sur l’observance thérapeutique et sur le contrôle de l’hypertension artérielle en France.
Les différentes études en population ont bien montré qu’il y avait des facteurs environnementaux qui, en plus des prédispositions familiales, expliquaient une part importante du risque de survenue d’une hypertension artérielle. Les facteurs principaux sont représentés par :
– tout d’abord l’âge, il y a plus de risque de développer une hypertension artérielle essentielle à 60 ans qu’à 30,
– ensuite une éventuelle surcharge pondérale, plus on est gros, plus le risque d’hypertension artérielle est important,
– la consommation de sel est aussi un élément majeur ; il a bien été montré que cette consommation était positivement liée au risque de développer une hypertension artérielle, à la fois au niveau individuel et au niveau collectif.
– il existe d’autres facteurs impliqués dans le risque de développer une hypertension artérielle, notamment une surconsommation d’alcool, un régime de type occidental (par rapport à un régime de type Méditerranéen, riche en fruits, en légumes et en acide gras d’origine végétale), ainsi que d’autres facteurs probablement moins importants (consommation de potassium, consommation de calcium, protéines du lait…).
En bref, si nous voulons à terme réduire la prévalence de l’hypertension artérielle en population, il faut impérativement agir sur deux facteurs : la surcharge pondérale et l’obésité et la consommation de sel. Bien entendu, les moyens pour arriver à ces objectifs sont extrêmement complexes et, au jour d’aujourd’hui, la plupart des pouvoirs publics qui se sont attelés à ce problème n’ont pas eu de succès important. Les moyens optimaux restent à inventer en matière de prévention de l’hypertension artérielle !
La Société Française d’Hypertension Artérielle a effectivement apporté son soutien à la lutte contre le tabagisme. Cette loi a finalement été votée par le Parlement. Il y a plusieurs éléments centraux dans cette loi, notamment la mise en place du paquet neutre et l’augmentation du prix du tabac. Le tabagisme est, après l’hypertension artérielle, le deuxième malfaiteur sur terre. Il est responsable de 6 000 000 de décès par an dans le monde (plus de 10 000 000 pour l’hypertension artérielle). Il a bien été montré que le paquet neutre doit être l’une des armes pour tenter d’enrayer la quantité de tabac fumé en France comme dans le monde. Cette action doit être considérée comme une priorité et une urgence en matière de santé publique. Il faut aussi souligner le fait que, contrairement aux idées reçues et à ce qui est dit ou écrit, le tabagisme coûte beaucoup plus à nos pouvoirs publics qu’elle ne lui rapporte, malgré les taxes importantes sur le tabac et malgré l’augmentation du prix du paquet de cigarettes. Les coûts indirects, notamment les coûts sociétaux en matière d’années de vie perdue et de soins dispensés aux patients souffrant des complications de leur tabagisme excèdent, et de beaucoup, les bénéfices fiscaux réalisés.
Texte : esanum / pg
Photo : HTA