C’est une plateforme de connexion entre deux mondes qui se connaissent mal : celui du soin et celui de l’innovation en santé. C’est un domaine en plein essor, à tous les niveaux, depuis les biotechnologies jusqu’aux soins infirmiers. Les idées fusent, mais pour qu’elles se concrétisent les innovateurs ont besoin de s’appuyer sur l’expertise des futurs utilisateurs.
Hack Your Care met en relation les soignants avec les acteurs de l’innovation en santé, dont les entreprises. Nous vérifions si leurs profils et disponibilités coïncident avec les besoins. Notre démarche va plus loin : elle consiste à mentorer ces soignants sur le plan juridique, sur les questions de rémunération, etc. Les profils les plus recherchés sont les médecins hospitaliers. Or ils n’ont pas de culture d’entreprise, n’ont aucune idée des tarifs pour un consultant ni du statut à prendre.
L’éventail est large ! Côté soignants, nous recherchons des profils variés : médecins, dentistes, infirmier(e)s, kinés, sage-femmes, pharmaciens, manipulateurs/trices radio, ambulancier(e)s, aide-soignant(e)s, etc. Nous avons déjà un gros pool de médecins généralistes et de spécialistes, mais aussi de dentistes ou d’infirmiers…. Si un étudiant en médecine veut faire un mémoire ou une thèse sur l'IA dans sa spécialité, il peut aussi s’adresser à nous.
Quant aux entreprises, cela va de la start-up à la multinationale, de celle qui conçoit des dispositifs médicaux à celle qui travaille sur les data ou qui recherche des bêta testeurs pour évaluer une application. Nous avons aussi des demandes provenant de sociétés d’assurance, d’universités ou d’écoles d'ingénieurs.
Récemment, nous avons permis à une jeune médecin généraliste de faire sa première mission en tant qu’assistante du directeur médical dans une start-up. Elle voulait travailler à distance en plus de son activité comme remplaçante.
Un autre exemple. Le CEO d’une start-up voulait identifier la spécialité la plus pertinente pour orienter sa solution d’aide à la prescription médicale. Il nous a demandé d’organiser des sessions de brainstorming avec dix médecins de spécialités différentes, dont le profil correspondait aux futurs utilisateurs : peu technophiles, mais pas hostiles au digital. Ces médecins ont d’abord reçu une brève formation sur l'intelligence artificielle.
À la demande de laboratoires d’universités, j’aide aussi des étudiants en Master 2 à trouver des stages dans des start-up. Cela les encourage à faire de la recherche, une étape indispensable pour envisager une carrière hospitalo-universitaire.
À la fois d’un constat et de mon expérience personnelle. Le constat, c’est que la santé et l’entreprise sont deux univers culturellement très éloignés. Le concept de «médecin-entrepreneur» est encore tabou, comme si une telle association était contre-nature.
Dans le même temps, les professionnels de santé sont friands d’innovation. Qui ne s’est pas dit : «On pourrait créer une application pour répondre à tel besoin ?». Nous voyons de plus en plus de profils polyvalents, comme des médecins-codeurs. Cette capacité d'innovation devient une sorte de spécialité médicale émergente.
Certains soignants veulent simplement s’ouvrir de nouvelles perspectives, soit par lassitude des conditions de travail dégradées, soit pour mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle. Ces personnes sont tentées par une expérience en entreprise mais ne savent pas comment y accéder. Il ne s’agit pas de renoncer au soin et aux patients, mais de faire un pas de côté, le temps d’une mission par exemple.
Pendant ma thèse de médecine, j’avais intégré une start-up spécialisée en intelligence artificielle et monitoring thérapeutique. Après, durant mon clinicat, des internes m’ont demandé comment j'avais fait. Ils me disaient : «Tu nous fais rêver !». Bien que jeunes et orientés «Innovation», ça leur semblait difficile de franchir le pas. Avec Hack Your Care, nous ne leur offrons pas du rêve, nous leur ouvrons les portes du monde de l’innovation.