L’arthrose du genou, qui consiste en l’inflammation du cartilage, est un mal courant. Le cartilage facilite le mouvement et protége les surfaces où les os se rencontrent. Lorsqu’il est enflammé, il n’assure plus ce rôle de protection, ce qui rend le mouvement de l’articulation douloureux. Par ailleurs, les chondrocytes, qui composent le cartilage du genou, se régénèrent mal et très lentement, ce qui rend impossible la formation d’un nouveau cartilage. Les blessures au genou ne touchent pas que les sportifs et les femmes, auraient 1,5 à 2 fois plus de risques que les hommes.
Les chercheurs de l’hôpital universitaire de Bâle se sont alors demandé quel cartilage avait une bonne capacité à se régénérer, avec la possibilité d’être plastique, s’adaptant bien à un environnement articulaire : et oui ! celui du nez !
Ils ont alors fait un essai clinique d’une dizaine de personnes âgés de 18 à 55 ans, avec des lésions articulaires aux genoux. Les résultats ont été publiés dans The Lancet (DOI: //dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(16)31658-0). Les personnes se sont vues prélever 6 mm de diamètre de cartilage dans la paroi nasale. Le prélèvement est ensuite cultivé dans une matrice de collagènes et de facteurs de croissance pendant 4 semaines, jusqu’à obtenir un greffon cartilagineux de 2mm d’épaisseur et 30×40 mm de surface qu’ils ont inséré à la place du cartilage abîmé.
Deux ans après avoir été opérés, 9 patients sur 10 (un des dix patients a été exclu, car il avait une blessure sportive non liée à l’essai) ont pu remarquer une meilleure mobilité, des douleurs atténuées et donc une qualité de vie retrouvée. De plus, un scanner a été fait et a pu confirmer ce qu’avaient espéré les chercheurs : les cellules du nez n’ont pas été rejetées par le genou et ont même une composition similaire à celle d’un cartilage normal.
Il ne s’agit que d’une étude de phase I, mais l’autogreffe reste une technique peu invasive et très prometteuse de par son efficacité. Dans quelques années, elle pourra peut-être être réalisable en routine chez des patients.
Texte : ep / esanum
Photo : JHDT Productions / Shutterstock