Les chiffres de nouveaux nés atteints rapportés sont en forte augmentation depuis les années 90 (600 %) et jusqu’à 30 à 50 % des nouveaux nés en seraient atteints selon les sources. Cet accroissement serait dû aux campagnes recommandant de coucher son enfant sur le dos afin d’éviter la fameuse “mort subite du nourrisson”, la position allongée dorsale trop longtemps favorisant une déformation du crâne encore malléable du nourrisson, mais sans doute est-il accru car on y prête aujourd’hui également plus attention.
A la plagiocéphalie sont associées parfois la brachy- ou la dolichocéphalie, qui correspondent respectivement à un élargissement de la tête avec un aplatissement de l’arrière, ou au contraire par un crâne plus long et plus étroit. En tous les cas, ces déformations positionnelles ne sont pas à confondre avec les craniosténoses (sutures prématurées des os du crânes) qui peuvent entraîner des compressions intracrâniennes graves lors de la prise d’ampleur du cerveau et seront alors à prendre en charge chirurgicalement.
Un lien a tout d’abord été établi entre les torticolis et l’apparition de plagiocéphalies, par manque de mobilité d’une partie de la tête. Ensuite, tout manque de mobilité et de stimulation des deux côtés du nourrisson et/ ou de position prolongée sur une surface dure seront des facteurs de risque. Les garçons sont plus atteints que les filles (3:4), car ceux-ci seraient moins actifs, plus hypotones.
D’autres causes probables seraient un manque de liquide amniotique (oligoamnios) comprimant la boîte crânienne dans l’utérus, la géméllité ou encore le manque de vitamine D de la femme enceinte.
En dehors d’un handicap physique esthétique, la plagiocéphalie pourrait entraîner selon quelques études (peu nombreuses et discutées pour certaines), un déficit psychomoteur rattrapable, ainsi qu’un déficit léger neurologique d’ordre cognitif dans l’apprentissage. Des problèmes visuels et auditifs sont aussi plus observés chez ces enfants, ainsi que des otites plus graves. Lorsqu’elle atteint le visage, cette déformation peut toucher les mâchoires et empêcher l’occlusion totale de la bouche. C’est pourquoi, même si pour les formes les plus légères les déformations peuvent se remettre à niveau d’elles-même après quelques mois, il est important de les prendre en charge dès leur détection pour éviter des séquelles ultérieures.
Pour cela, 4 acteurs principaux rentrent en jeu : le kinésithérapeute, l’ostéothérapeute et les parents. Le rôle des parents, éduqués aux bons gestes par le kinésithérapeute est avant tout primordial : ils doivent stimuler et maintenir (au biberon par exemple) l’enfant de façon bilatérale et l’habituer progressivement à passer du temps sur le ventre (jusqu’à 30min par jour). L’ostéothérapeute, lui, va exercer des pressions très précises au niveau des os et de leurs sutures afin de favoriser leur restructuration. Enfin, pour les cas les plus sévères, les enfants à partir de 4 mois et jusqu’à 11 mois en général (18-20 mois exceptionnellement) peuvent avoir recours aux orthèses crâniennes, qui compriment les zones trop expansives et laissent un vide vers les zones à combler lors de la croissance crânienne. Ce recours orthopédique montre d’excellents résultats d’après le feed-back des parents concernés. Cependant, il faut contrôler leur suivi attentivement, car le port de cette orthèse est susceptible de causer ou d’aggraver un torticolis chez l’enfant.
Texte : esanum / lj