Évènements thromboemboliques et groupes sanguins

Outre son importance capitale dans le succès des transfusions et transplantations, le système de groupe sanguin ABO joue également un rôle dans les événements thromboemboliques. Si un risque accru est suggéré chez les patients de groupe non-O, les données épidémiologiques actuelles ne permettent pas d’établir une image claire de cette associatio

Outre son importance capitale dans le succès des transfusions et transplantations, le système de groupe sanguin ABO joue également un rôle dans les événements thromboemboliques. Si un risque accru est suggéré chez les patients de groupe non-O, les données épidémiologiques actuelles ne permettent pas d’établir une image claire de cette association (divergence de force d’association, type de causalité, événements récurrents).

Une étude récente publiée dans le journal Circulation (DOI: 10.1161/CIRCULATIONAHA.115.017563) apporte des clarifications à ce sujet grâce à l’étude rétrospective d’une base de données de plus d’ 1.5 million de donneurs de sang (SCANDAT2, Scandinavian Donations and Transfusions). Le but de cette étude est d’analyser l’association entre le système de groupe sanguin ABO et le risque de VTE ponctuel ou récurrent et les évènements thromboemboliques artériels postérieurs à un premier don de sang.

Les antécédents au premier don sont écartés et l’influence d’autres facteurs de risque est étudiée en intégrant les données de patients de diabète, fibrillation atriale, chirurgie orthopédique et cancer. Plus de 1.1 million de donneurs ont ainsi été intégrés et analysés, avec 9170 cas de VTE et 24653 cas d’événements cardiovasculaires. Les résultats montrent clairement un risque accru chez les individus de groupe non-O, avec en particulier un facteur de risque de 1.80 pour les événements veineux. Parmi ces derniers, il est intéressant de noter un risque encore plus élevé de VTE liés à la grossesse (facteur de risque de 2.20). En ce qui concerne les événements artériels, le risque est aussi statistiquement plus élevé mais de façon moindre (respectivement 1.10 et 1.07 pour l’infarctus et la crise cardiaque). L’âge interagit significativement avec le groupe sanguin pour tous les événements étudiés, avec un risque majoritairement décroissant. L’analyse des différents groupes non-O montre un risque de VTE particulièrement plus important chez les individus de groupe AB. De nouveau, les risques associés aux événements artériels sont moindres mais toujours significatifs. Enfin, l’analyse différentielle entre événements provoqués (présence de facteurs de risques) et récurrents (>180 jours après décharge de tout événement thrombotique) confirme la prévalence supérieure chez les individus non-O, mais d’une moindre mesure en comparaison avec les événements ponctuels.

Cette étude est très robuste de part la taille de la cohorte, sa grande variation d’âge, et la disponibilité de données relatives aux facteurs de comorbidité. Le phénotype ABO d’une base de données de donneurs de sang est a priori exempt de mauvaise classification et, si les donneurs connaissent leur groupe sanguin, il est peu probable que ceci leur fasse adopter un comportement de vie particulier. A contrario, les résultats ne sont donc pas forcément généralisables à d’autres populations. Les résultats parmi les groupes non-O semblent traduire l’absence de l’allèle “O” chez les individus de groupe AB, contrairement aux individus A ou B. Cependant, l’absence de génotypage sanguin empêche une telle conclusion. Le phénotypage sanguin ABO étant simple et fiable, il peut être intéressant de s’y appuyer pour évaluer le risque de thrombose. Si ce paramètre peut s’implémenter dans les systèmes de prédiction, d’autres études sont nécessaires pour comparer d’autres facteurs de risques.

Texte : jd / esanum

Photo : Blamb / Shutterstock


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