Trois phases d’essais cliniques sont nécessaires avant l’AMM et la commercialisation d’un médicament. Ces phases font suite à des recherches dites « pré-cliniques », sur des modèles de cellules en culture (in vitro) et sur des animaux (in vivo). L’objectif de cette phase pré-clinique est de déterminer la dose maximale tolérée (maximal tolerated dose, MTD), ainsi que la dose maximale sans effet observable (no observed effect level, NOEL). Cette dose est convertie en « équivalent humain » (human equivalent dose, HED). Si tous ces tests d’innocuité sont favorables, les phases cliniques à proprement parler peuvent commencer.
La phase I concerne des sujets volontaires sains (comme ceux de l’essai clinique de Rennes). Elle vise à déterminer la tolérance et l’absence d’effets indésirables, ainsi que la pharmacocinétique du médicament. Elle est dans un premier temps limitée à un petit nombre de volontaires. Dans certains cas, on inclut dans la phase I des patients malades en état d’échec thérapeutique, notamment dans le cas des médicaments plus toxiques, comme les anticancéreux.
Si l’absence de toxicité est prouvée, la phase II est lancée. Celle-ci cherche à déterminer la dose optimale et d’éventuels effets indésirables : elle est donc réalisée sur des malades. Cette phase est elle-même subdivisée en deux parties : la phase IIa qui inclut un nombre limité de patients, et la IIb réalisée à plus grande échelle.
Enfin la phase III compare l’efficacité du médicament, à un placebo par exemple. Le groupe étudiée doit être plus grand (en milliers) pour pouvoir prouver l’efficacité de la nouvelle molécule, et la pertinence de sa mise sur le marché.
Après ces longues étapes, l’AMM peut être accordée et le médicament commercialisé. On appelle phase IV la période qui permet le dépistage de complications. Cette phase porte sur tous les malades consommant le médicament, ce qui permet de découvrir d’éventuels effets indésirables rares.
Tout promoteur d’un essai thérapeutique est dans l’obligation d’obtenir une autorisation de l’ANSM et l’avis d’un comité de protection des personnes (CPP), composé de sept professionnels de santé et de sept « civils ».
Les test cliniques ne peuvent se dérouler que dans un centre agrée par les ARS. Il existe une trentaine de centres d’investigation clinique publics, et une dizaine de privés. Tous les effets indésirables doivent être déclarés à l’ANSM qui peut décider de l’arrêt de l’essai clinique en cas de problème.
Les sujets quant à eux, doivent avoir signé un consentement libre et éclairé, après des explications précises du médecin sur l’essai. Ils sont ensuite questionnés et subissent divers examens médicaux afin de s’assurer qu’ils correspondent aux critères d’inclusion de l’étude. Enfin, ils peuvent prétendre à une rémunération, une indemnité plafonnée cependant à 4 500 euros par an, pour éviter de créer des « cobayes professionnels ».
Un accident mortel inédit dans l’Hexagone
Un accident comparable à celui de Rennes est inédit en France. Quatre patients pourraient conserver des atteintes neurologiques graves. Le nombre moyen de patients recrutés par essai était déjà passé de trente-huit en 2012 à vingt-trois en 2014. 563 essais cliniques ont eu lieu en 2014 en France, ce qui en fait un pays majeur dans la recherche clinique.
Texte: esanum / sb
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