Les chiffres concernant la progression de la rougeole en France inquiètent de plus en plus. L’épidémie qui s’est nettement intensifiée en 2017 avec 519 cas déclarés, soit 6 fois plus qu’en 2016 est loin d’être maîtrisée. Ce rebond épidémique fait suite à une régression de la maladie après 4 vagues épidémiques majeures survenues entre 2008 et 2012. La même situation se retrouve dans les autres pays européens. En effet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déjà averti du rebond épidémique de cette maladie en Europe avec 21 315 cas déclarés en 2017 dont 35 décès faisant suite à un record minimum de 5 273 cas en 2016. La Roumanie a rapporté le nombre de cas le plus élevé (5 562) devant l’Italie (5 006) et l’Ukraine (4 767).
En France, plusieurs foyers épidémiques (crèches, communauté des voyageurs…) ont été identifiés sur l’ensemble du territoire, principalement en région de la Nouvelle-Aquitaine. Les investigations épidémiologiques au sein de ces foyers ont permis de mettre en évidence une absence de vaccination ou une vaccination incomplète chez la grande majorité des cas infectés.
La rougeole est une maladie infectieuse virale très contagieuse, soit dix fois plus que la maladie de la grippe. Une personne infectée peut infecter 15 à 20 personnes en cas de couverture vaccinale insuffisante dans l’entourage. Cette maladie peut être très sévère dans certaines situations et entraîner des complications extrêmement graves voir mortelles (insuffisance respiratoire, complications neurologiques parfois irréversibles). En 2017, 208 cas de rougeole ont nécessité une hospitalisation dont 53 avaient présenté des complications : 4 cas d’encéphalites, 38 cas de pneumopathies graves dont 6 admis en réanimation et 1 décès. Parmi ces 208 cas, 156 n’étaient pas vaccinés et 38 avaient reçu une seule dose de vaccin. Il est aussi important de rappeler que le taux d’incidence le plus élevé est observé chez les enfants de moins de 1 an. Ces derniers présentent un risque accru de complications neurologiques et respiratoires et sont trop jeunes pour être vaccinés. Leur protection ne peut être assurée qu’à travers la vaccination et l’immunisation de leur entourage. Les chiffres sont encore plus alarmants parmi le personnel soignant, où des niveaux insuffisants de couverture vaccinale contre cette maladie ont participé à l’apparition de cas nosocomiaux au sein des structures de soins.
L’accumulation des foyers épidémiques et la diffusion du virus sur le territoire français est la conséquence d’une couverture vaccinale insuffisante. La vaccination contre la rougeole est très efficace et protège de la maladie dans près de 100% après 2 doses de vaccin. D’ailleurs, cette vaccination rentre dans les 11 vaccins obligatoires pour les enfants nés après le 1er janvier 2018 selon la nouvelle loi. Concernant toutes les personnes âgées d’au moins 12 mois et nées après 1980, il convient de vérifier et de mettre à jour la vaccination contre la rougeole (2 doses de vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole) de façon systématique.
Certaines recommandations ont aussi été mises en place lors du signalement d’un cas de rougeole dans le cadre du plan de l’éradication de l’épidémie. Ainsi toutes les personnes potentiellement réceptives et faisant partie de l’entourage proche d’un cas clinique de rougeole ou confirmé biologiquement doivent être vaccinées de façon préventive. Selon ces recommandations, les nourrissons âgés de 6 mois à 11 mois devraient recevoir une dose du vaccin trivalent dans les 72 heures qui suivent le contact. Pour les personnes âgées de plus de 1 an et nées après 1980, une mise à jour conforme au calendrier vaccinal doit être effectuée (2 doses de vaccin trivalent). Les professionnels de santé ainsi que le personnel chargé de la petite enfance sans antécédent connu de rougeole et/ou n’ayant pas reçu 2 doses du vaccin trivalent devront recevoir une dose du vaccin. Ces recommandations sont valables pour les autres collectivités en contact avec un cas de rougeole confirmé biologiquement.
L’administration d’une dose du vaccin trivalent dans les 72 heures qui suivent le contact avec un cas de rougeole peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé.
En situation de cas groupés, des mesures vaccinales particulières et supplémentaires sont proposées. Elles reposent sur la notion qu’en situation épidémique, la plupart des cas sont confirmés épidémiologiquement et que la valeur prédictive positive du diagnostic clinique est plus élevée qu’en situation endémique. La vaccination est ainsi recommandée aux contacts proches et en collectivité sans attendre les résultats de laboratoire.