Ce virus n’est pas nouveau : il a été découvert en 1947 dans la forêt Zika qui lui donnera son nom, en Ouganda. D’abord détecté chez des singes, il faut attendre 1968 pour repérer les premiers cas humains.
C’est un arbovirus, transmis à l’homme par les moustiques. Il existe plusieurs vecteurs, entre autres : Aedes furcifer et Aedes africanus, majoritaires en Afrique ; et Aedes aegypti (moustique tigre), le principal vecteur de cette nouvelle épidémie. Aides aegypti est aussi le vecteur principal de la dengue, du chikungunya et de la fièvre jaune.
Insolite pour une arbovirose, le virus Zika se transmettrait également par voie sexuelle. Deux articles de 2011 et 2015 évoquent cette hypothèse, bien que l’OMS juge les preuves insuffisantes pour s’avancer davantage.
Les infections par Zika sont historiquement d’abord cantonnées à l’Afrique et à l’Asie. En avril 2007, une épidémie touche la Micronésie. En 2013, c’est à la Polynésie Française d’être atteinte. Enfin, le virus arrive au Brésil en été 2014, peut-être en marge de la Coupe du Monde. En 2015, il se répand assez vite dans les régions voisines d’Amérique centrale et des Antilles.
Selon l’OMS, le virus est aujourd’hui présent dans vingt-deux des cinquante-cinq pays américains, et va continuer de s’étendre. Il est transmissible cinq jours après la contamination.
L’infection est, dans 82% des cas, asymptomatique. Dans les autres cas, le syndrome clinique associe maladie fébrile, éruption macula-papuleuse, et parfois de l’arthrite ou une arthralgie. La « fièvre Zika » dure généralement de quatre à sept jours et est résolutive. D’ailleurs, aucun cas de décès n’a été recensé. Plus rarement, le virus peut provoquer le syndrome de Guillain-Barré chez l’adulte.
Si l’épidémie inquiète elle autant c’est que le virus Zika est soupçonné, rien qu’au Brésil, d’être la cause de 3 893 cas de microcéphalie chez les nouveau-nés, d’après une source du Ministère de la Santé brésilien ! Ces bébés naissent avec un périmètre crânien inférieur à trente-trois centimètres et avec des retards mentaux irréversibles et particulièrement graves, conséquence d’un développement anormal du cerveau. La période la plus critique est le premier trimestre de grossesse, bien que le danger ne soit pas écarté par la suite. Quarante-neuf bébés brésiliens sont décédés suites à ces malformations.
Plusieurs pays, comme la Jamaïque et la Colombie, ont conseillé à leur ressortissantes de ne pas tomber enceintes, une proposition vivement moquée et critiquées par certaines ONG. De plus, une éventuelle malformation du fœtus n’est détectable qu’après six mois de grossesse, par une technique d’ultrasons. Pourtant, au Brésil, l’avortement est interdit (sauf en situation d’urgence, mais la microcéphalie ne justifie pas l’interruption de grossesse). Au Salvador, l’avortement est illégal en toutes circonstances. La progression du virus Zika pourrait ouvrir le débat sur la dépénalisation.
A l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement ni vaccin. Des mesures de précaution ont été diffusées : recommandation de détruire les larves et les endroits potentiellement porteurs de moustiques, se protéger des piqûres par les moyens classiques : vêtements longs, insecticides, moustiquaires. Mesures jugées très insuffisantes par les spécialistes mais pour les gouvernements, pris de court par cette menace nouvelle, il est difficile de gérer la transmission et propagation du virus.
La situation est donc particulièrement inquiétante. Rio accueillera les Jeux Olympiques en août prochain. Le carnaval, quant à lui, va se dérouler du 5 au 9 février. Huit états brésiliens ont annulé l’événement. Six pays européens (le Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Suisse, et le Danemark) ont déjà signalé un ou des cas de Zika, rapportés par des touristes revenant de zones touchées. Aucun cas n’a été recensé en France métropolitaine, mais « les conditions sont réunies » pour l’arrivée du virus selon le HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique).
Texte : esanum / sb
Photo : Jarun Ontakrai / Shutterstock