Pendant deux ans, la journaliste a mené des entretiens approfondis avec une douzaine de donneurs et une dizaine de receveuses ainsi qu’une quarantaine d’échanges sur internet. Elle a expliqué à l’AFP que “Les receveuses sont beaucoup plus frileuses que les donneurs pour en parler parce qu’elles risquent plus gros”. En effet, en France il est interdit d’avoir recours à la manipulation du sperme en dehors des centres agréés par l’agence de Biomédecine. Les sanctions pouvant aller jusqu’à 30.000 euros d’amende et deux ans de prison.
À l’heure actuelle les délais de ces centres agréés sont très longs et la procréation médicale assistée (PMA) avec don de sperme est réservée exclusivement aux couples hétérosexuels. C’est pourquoi, un nombre croissant de femmes, principalement des couples lesbiens et des femmes seules, partent à l’étranger ou se tournent vers le don de sperme illégal dit “sauvage”.
Contrairement au don de sperme organisé, ce don sauvage passe par une série de voies parallèles. Les réseaux sociaux permettent notamment aux donneurs et aux receveurs de se rencontrer. L’ampleur du phénomène est “impossible à quantifier” indique la journaliste. Cette dernière précise que les méthodes les plus utilisées sont “artisanales”, à l’aide d’une pipette ou “semi-naturelles” avec une éjaculation à la dernière minute “qui garantit un meilleur taux de réussite”. Ed, “le géniteur champion d’Europe”, père de 112 enfants qui affirme quant à lui que 90% de ses dons ont eu lieu par rapport sexuel complet. Cette pratique compte également bon nombre d’adeptes.
Les motivations des géniteurs peuvent être très diverses. Certains souhaitant ainsi aider celles qui n’ont pas accès à la PMA ou qui ne veulent plus attendre ou encore qui refusent l’anonymat du don. D’autres ont des motivations plus troubles comme la compensation de manques, tels l’absence d’un père, la preuve de la virilité ou le refus de rapport sexuel lorsque “la fille est moche”. Certains donneurs réclament une rémunération qui peut aller jusqu’à 250 euros par insémination.
Francis David est administrateur d’une dizaine de groupes dédiés à l’insémination artificielle sur internet. Il est lui-même père d’une cinquantaine d’enfants et prend le temps de discuter avec la future mère et demande à être informé sur la naissance et le nom du bébé.
Mme Dumont reconnait avoir fait l’objet de “beaucoup de relances” de donneurs lorsqu’elle n’a pas donné suite. Elle a déclaré : “J’ai été frappée par de très belles histoires de gens qui se sont rencontrés à travers ces dons”. (“Super-géniteurs”, 188 pages aux éditions Michalon)
Texte : AFP / esanum
Photo : Naeblys / Shutterstock