Le mécanisme principal est l’augmentation de la pression oculaire qui atteint alors le nerf optique et le champ visuel. La forme la plus fréquente est le glaucome à angle ouvert, une altération du trabéculum d’origine génétique qui entrave l’écoulement de l’humeur aqueuse et dont l’évolution est relativement lente. Une forme plus rare mais plus agressive est le glaucome à angle fermé qui a une origine anatomique mais engendre le même phénomène d’hypertonie. Il évolue par crises qui détruisent le nerf optique insidieusement, rapidement et irréversiblement. Des causes neurologiques ou vasculaires, par exemple, peuvent également engendrer un glaucome à pression oculaire normale.
Pour mieux prendre en charge le glaucome, le dépistage est primordial. Les traitements dont l’on dispose actuellement ne font en effet que stopper son évolution, les stades avancés de la maladie sont irréversibles. Dans certaines villes, comme à Tours, des dépistages gratuits pour les plus de 40ans sont mis en place en partenariat avec l’ARS et le CHU de la ville. Le dépistage consiste en la mesure de la pression oculaire qui doit être inférieure à 20 mmHg et en l’analyse de la papille optique (qui s’atrophie) sur un fond d’oeil.
Plus de la moitié des patients atteints de glaucome chronique sont efficacement traités par monothérapie. Les médicaments utilisés sont des collyres contenant notamment des prostaglandines ou des bêta-bloquants et qui visent à normaliser la pression oculaire. Si le traitement médicamenteux est inefficace, les patients peuvent avoir recours au laser qui stimule les cellules du trabéculum et augmente le flux d’écoulement de l’humeur aqueuse ou à la chirurgie pour libérer le trabéculum. De plus les médicaments présentent des effets indésirables liés aux conservateurs présents dans les solutions. Il y a donc risque d’inflammation, de rougeur et de sécheresse oculaire.
De nombreux scientifiques s’intéressent aux dérivés du cannabis qui diminuent la pression oculaire. Une étude menée à Los Angeles dans les années 1970 par le Dr Robert Hepler et le Dr Ira Franck portant sur 11 volontaires ayant consommé 18 mg de THC a montré que la pression intraoculaire diminuait en moyenne de 25% une heure après l’inhalation . Néanmoins il s’agit d’une moyenne et il y avait de grandes disparités de résultats en fonction des individus. Sur le site de l’Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine, de nombreux effets bénéfiques des cannabinoïdes sur le glaucome sont énoncés. Ils réduiraient en effet la pression oculaire par deux actions combinées : l’augmentation de l’écoulement de l’humeur aqueuse et la réduction de sa production. De plus, par l’intermédiaire des récepteurs aux cannabinoïdes vasculaires, ils entraînent une dilatation des vaisseaux sanguins ce qui permet une meilleure irrigation de l’oeil et une amélioration de la capacité visuelle. En général lors d’une mauvaise circulation sanguine, du glutamate, neurotoxique, est libéré engendrant une effet néfaste sur le nerf optique dans le cas du glaucome. Or les cannabinoïdes sont des capteurs de radicaux libres et des antagonistes à la libération des glutamates. Ainsi ils pourraient même avoir un rôle dans les glaucomes à pression oculaire normale. (Hampson, 2001 : Cannabinoid receptor activation and elevated cyclic AMP reduce glutamate neurotoxicity )
De nombreux récepteurs aux cannabinoïdes sont présents dans les yeux ce qui permet d’avoir une bonne et rapide efficacité. De plus, c’est sous forme de collyre que les dérivés du cannabis présentent le moins d’effets secondaires psychotropes.
Cependant, le THC n’est pas soluble dans l’eau ce qui complique la réalisation de collyres. Ils sont donc sous forme d’huile minérale générant des démangeaisons. Un autre effet indésirable du cannabis est son action hypotensive sur la pression artérielle alors que l’on recherche un effet local uniquement. Les essais d’application locale n’ont pas été très fructueux et l’intérêt de l’huile de cannabis est donc limité. Par ailleurs le statut légal du cannabis ne facilitera pas sa commercialisation. Actuellement aucun traitement du glaucome à base de cannabis n’est donc disponible en France, contrairement à certains états américains qui utilise déjà le tétra-hydrocannabinol.