Contexte
Si les mécanismes pathologiques de la FLD sont méconnus, quelques facteurs du mode de vie, comme le gain de poids, le temps passé devant la télévision, ou les troubles du sommeil y semblent liés. Avec les changements sociétaux, les habitudes de sommeil ont beaucoup changés. La durée de sommeil a ainsi fait l’objet de plusieurs recherches en lien avec la FLD, mais la littérature fait état de résultats trop inconsistants.
Etude
Dans le but d’élucider le rôle du facteur “temps de sommeil” dans le risque de développer une FLD, une revue systématique de la littérature suivie d’une méta-analyse des données disponibles a été récemment conduite. Les résultats ont été publiés dans le journal Scientific Reports (DOI: 10.1038/srep31956). La recherche de littérature a été menée jusqu’à avril 2016 et a pris en considération les études transversales rétrospectives ou prospectives, rapportant odds ratio et intervalles de confiance à 95%, analysant l’association entre durée de sommeil et risque de FLD sans restriction. Au total 8 études pour 97’371 participants ont été incluses. Toutes sont basées sur des cohortes de bilan de santé, dont 6 en Asie, 1 en Italie et 1 aux Etats-Unis. Les données de durée de sommeil ont été collectées par auto-questionnaire, et le résultat primaire de FLD (d’origine alcoolique ou non) a été évalué par échographie ou dosage des enzymes hépatiques.
Résultats
L’analyse des données combinées des 8 études sélectionnées n’a pas mis en évidence d’association significative entre durée de sommeil et risque de FLD. Une tendance presque significative de risque accru en cas de sommeil court apparaît (OR=1.17, IC95%=[0.98-1.38]) tandis qu’un sommeil plus long que la normale ne modifie pas le risque (OR=1.01, IC95%=[0.72-1.41]). L’hétérogénéité des populations d’étude pourrait être en cause dans la non-significativité des résultats, particulièrement pour l’effet d’un sommeil court. Cependant, les différentes sources potentielles d’hétérogénéité (âge moyen, sexe, région..) n’ont pas été identifiées comme statistiquement relevantes. L’analyse en sous-catégorie réfute l’influence du sexe sur l’association entre sommeil court et risque de stéatose hépatique (OR=1.02, IC95%=[0.81-1.29] pour les hommes et OR=1.20, IC95%=[0.89-1.62] pour les femmes). Le risque associé à une FLD d’origine non-alcoolique n’est pas différent du risque global (OR=1.17, IC95%=[0.95-1.43]). Les études comparant un court sommeil à un sommeil normal uniquement (et non court vs. long) n’ont elles non plus pas mis en évidence d’association avec le risque de FLD (OR=1.01, IC95%=[0.76-1.35]). L’effet d’un sommeil long n’a pas été étudié par analyse de sous-catégories du fait du nombre limité de données disponibles.
L’analyse de qualité (échelle de Newcastle-Ottawa) des 8 études de cette méta-analyse a révélé des études toutes de haute qualité.
Conclusions
Cette méta-analyse suggère que le risque de stéatose hépatique n’est pas associée à un sommeil trop court ni trop long, et que cette non-association n’est pas modifiée par le sexe, le type de FLD, ou l’exposition de référence (sommeil normal). L’absence d’association peut s’expliquer par un manque d’ajustement des résultats à des facteurs confondants dans les études sources. En particulier, la littérature suggère des associations entre troubles du sommeil, obésité et risque de FLD. Pour être validés, les résultats de cette méta-analyse semblent donc nécessiter de nouvelles études prenant en considération plus de facteurs confondants potentiels sur l’association entre durée de sommeil et risque de FLD.
Texte : jd / esanum
Photo : Ditty_about_summer / Shutterstock
Découvrez d’autres comptes-rendus d’études ici : COMPTES-RENDUS D’ETUDES