Cette mesure instaurée en 2004 et ayant trouvé de nombreux obstacles à sa concrétisation sur tout le territoire pourrait améliorer la qualité de la prise en charge médicale des Français et de réaliser des économies.
Presque 15 ans après son lancement par Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé, le dossier médical partagé pourrait enfin être déployé sur tout le territoire français d’ici à la fin de l’année 2018. Ce dernier a été expérimenté dans 9 départements (le Bas-Rhin, les Côtes-d'Armor, Bayonne, le Doubs, le Puy-de-Dôme, la Somme, le Val-de-Marne, la Haute-Garonne, et l'Indre-et-Loire) où 1 million de dossiers ont été ouverts depuis le début de cette année. Il pourrait permettre l’accès des professionnels de santé aux antécédents médicaux et chirurgicaux du patient, aux allergies éventuelles, aux comptes-rendus des différentes hospitalisations ainsi qu’aux rapports et les résultats des examens radiologiques et biologiques du patient. Toutes les personnes assurées par la caisse d’Assurance Maladie pourront bénéficier de ce carnet de santé virtuel.
La reprise du projet du DMP par Marisol Touraine a amené une nouvelle conception du modèle avec plusieurs nouveautés. Premièrement, la gestion de ce dispositif, assurée antérieurement par une agence informatique, a été léguée à la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie). Cette mesure semble avoir apporté ses fruits. La CNAM a aussi promis d’injecter directement dans chaque dossier créé les 2 dernières années de remboursement et de prescriptions.
Le deuxième point concerne la question de l’ouverture du dossier. En effet, cette mission qui était confiée uniquement aux médecins traitants a prouvé sa totale inefficacité puisque ces derniers n’adhéraient pas en majorité à ce nouveau dispositif. La complexité de l’outil informatique mis à leur disposition et jugé inadapté à la pratique dans les cabinets médicaux représentait une des raisons évoquées par le corps médical. Les nouvelles modalités font participer le patient dans cette dynamique puisqu’il peut lui aussi ouvrir par lui-même son carnet de santé numérique. Il pourrait ainsi l’ouvrir directement en ligne à l’aide de sa carte vitale ou dans sa caisse primaire d’assurance maladie. Les pharmaciens ont été aussi impliqués de façon active dans cette stratégie puisqu’ils pourront participer à l’ouverture des dossiers en contrepartie d’une rémunération de 1 euro par dossier ouvert. De la même manière, les infirmières pourront réaliser cette mission à la place des personnes en perte d’autonomie.
Ce nouveau dispositif permettrait à chaque personne assurée d’avoir un espace personnel sécurisé confidentiel et gratuit où seront regroupées toutes les données relatives à son parcours de santé (bilans, radiologies, comptes-rendus...). Ce carnet numérique devrait être ainsi alimenté au fur à mesure et permettrait de coordonner et d’améliorer la prise en charge du malade entre les différents professionnels et établissements de santé. Des économies considérables pourront aussi être réalisées grâce à la généralisation du dossier médical partagé puisque ce dernier permettra d’éviter la redondance assez fréquente des examens radiologiques et biologiques, faute de coordination entre les différents professionnels et établissements de santé. Les examens réalisés et sauf refus du patient, seront tous consultables en ligne par les professionnels de santé.
Dans ce nouveau dispositif, le patient reste le maître chef de ce carnet numérique puisque son accord est obligatoire avant sa création. Ceci peut représenter une vraie limite à sa généralisation si les Français n’y adhérent pas. Il peut aussi le supprimer à tout moment. En se connectant à son espace, il aura la possibilité de masquer certaines données hormis à son médecin traitant. La réussite de cette nouvelle mesure repose aussi de manière étroite à l’adhésion des médecins traitants puisqu’ils devront l’alimenter des données médicales du patient. Selon le syndicat des médecins, sans une synthèse rédactionnelle médicale, ce regroupement d’examens et de données médicales serait peu utile.
Des questions éthiques se posent toujours quant à la sécurisation des données et leur confidentialité.