Une étude récente s’est intéressée au ressenti des professionnels face à ces plateformes d’accès au dossier médical en ligne. Des entretiens approfondis portant sur leur perception de l’utilisation de ces portails par les patients ont été mis en place et les résultats de l’étude intitulée « Primary care providers’ views of patient portals : interview study of perceived benefits and consequences » ont été publiés dans le Journal of Medical Internet Research (doi : 10.2196/jmir.4953).
Les résultats révèlent ainsi que l’implémentation de ces portails pour patients est assez mal perçue de part son aspect imposé et contrôlé (un système de récompenses/pénalités financières existe selon l’utilisation effective du portail par les patients). Cependant, les différents personnels de santé mentionnent des bénéfices liés notamment au fonctionnement du centre de soins (réduction du temps et coût des appels téléphoniques et envoi de résultats, diminution des consultations non-nécessaires) et à l’accès aux informations médicales (accès par le patient ou partage entre différents centres de traitement).
Toutefois, des craintes liées à ces mêmes critères persistent. En effet, les professionnels craignent de recevoir trop de messages de patients, d’avoir du temps de travail supplémentaire pour la gestion du contenu en ligne. Ils doivent par ailleurs faire très attention aux réponses écrites données, ces dernières pouvant induire en erreur les patients. De plus l’accès informatique à un contenu parfois peu compréhensible est une source peut apeurer les patients qui se retrouvent seuls face à des termes/expressions, qu’ils ne comprennent pas toujours. Le système peut, de plus, être source d’isolement pour les populations qui ne savent/veulent pas l’utiliser. Enfin, les risques inhérents à tout système informatique (mauvaise entrée de données, panne informatique, fuite de données personnelles) reste pour certains une source de scepticisme.
Dans l’immédiat, la faible proportion de patients utilisant réellement ces portails et le dossier médical en ligne, décourage les personnels de la santé à communiquer via ces portails. À l’avenir, ceux-ci attendent toutefois beaucoup de la démocratisation de l’utilisation de ces portails après une période de transition attendue d’au moins quelques années.
Il reste à noter, que si le choix des personnes interrogées traduit une diversité de catégorie de travail (administrateurs, personnels de clinique, praticiens) et géographique (zone urbaine/rurale), les centres de soin concernés par cette étude accueillent principalement des populations défavorisées, et les préoccupations rencontrées ici ne sont probablement pas pertinentes vis-à-vis de la population américaine globale.
Texte : esanum / jd
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