Encore un pas en avant vers une médecine personnalisée, selon une récente étude, des chercheurs suédois proposent une nouvelle classification du diabète qui permettrait de mieux identifier les patients à risque de complications et de proposer des traitements plus spécifiques.
L’étude suédoise publiée dans le journal The Lancet Diabetes and Endocrinology, a utilisé les données d’une cohorte de 8.980 patients ayant été récemment diagnostiqués diabétiques.
Les chercheurs ont ainsi identifié cinq groupes correspondant à 5 profils diabétiques aux caractéristiques et aux complications différentes. Cette nouvelle stratification proposée du diabète, classé à ce jour en 2 types, permettrait d’adapter de manière plus précise les traitements antidiabétiques et d’identifier les sujets à risque de complications.
Comme le précisent les auteurs de cette étude « il est impossible à ce stade d’affirmer que ces nouveaux groupes présentent des étiologies différentes ni qu’il s’agit de la classification optimale des sous-types de diabète ». Cependant, cette étude représente une avancée importante dans le domaine de la prise en charge médicale personnalisée, nouvelle tendance de la médecine moderne.
Ce sont les données de 8.980 patients de la cohorte suédoise ANDIS (All New Diabetics in Scania) qui ont été utilisées et analysées selon 6 variables : anticorps anti-GAD (glutamate acide décarboxylase), l’IMC (indice de masse corporelle), l’HbA1c, la résistance à l’insuline et les tests HOMA.
L’analyse des différentes variables ainsi que leur confrontation à des données prospectives issues de dossiers de patients concernant la prise en charge thérapeutique et la survenue de complications a permis au chercheur d’identifier 5 profils diabétiques.
Les résultats montrent que les sujets des groupes 1 et 2 étaient les plus à risque de développer une acidocétose diabétique en comparaison avec les autres groupes (31% pour le groupe 1, 25% pour le groupe 2 vs 5% pour les autres groupes). Ces 2 groupes avaient aussi des taux d’hémoglobine glyquée supérieurs à ceux des autres groupes témoignant d’un contrôle métabolique plus faible.
Ce taux de HbA1c s’est révélé être l’élément le plus puissant dans la prédiction de survenue d’une acidocétose au cours de l’évolution du diabète. L’insuline était prescrite beaucoup plus fréquemment dans le groupe 1 (42% vs 29% pour le groupe 2 et 4% pour les autres groupes) alors que la metformine l’était dans le groupe 2.
Concernant le risque de complications, le groupe 2 présentait le risque de survenue le plus élevé d’une rétinopathie diabétique.
En dépit du fait que les traitements prescrits soient similaires chez les groupes 3, 4 et 5, les sujets du groupe 3 étaient caractérisés par un plus grand risque de développer une maladie rénale diabétique.
Cette étude représente une avancée importante dans le domaine de la recherche sur le diabète, même si elle présente plusieurs limites. En effet, les données sont issues de cohortes de la population de l’Europe du Nord et ne peuvent être généralisées à d’autres populations.
Des cohortes incluant des populations ethniques différentes ainsi que l’étude d’autres facteurs de complications diabétiques (pression artérielle, lipides sanguins) auraient un grand intérêt lors de futures études.
Références
Ahlqvist E, Storm P, Käräjämäki A et al. Novel subgroups of adult-onset diabetes and their association with outcomes: a data-driven cluster analysis of six variables. The Lancet Diabetes & Endocrinology . Published online 01 March 2018. DOI: 10.1016/S2213-8587(18)30051-2