Si depuis 30 ans, les gouvernements successifs tentent de lutter contre le chômage, le monde de la santé est lui sur le pied de guerre contre les déserts médicaux, depuis une dizaine d’années.
Pourtant, selon Frédéric Bizard, « ces deux maux de la société française sont de purs produits des politiques publiques. Le déni des dirigeants politiques sur ce fait les conduit à ressortir des solutions qui ont déjà échoué et à chercher des boucs émissaires ».
Ainsi, selon le Dr Kron, « la solution ne peut être que structurelle et nécessite un changement de cap politique ».
Les raisons de la crise ? Le MICA (Mécanisme d’Incitation à la Cessation d’activité), le Numerus Clausus et les 35 heures.
Il semblerait que non. En effet, ce plan repose sur un diagnostic erroné et propose des mesures homéopathiques, au lieu de traiter les causes du problème.
D’abord, en termes budgétaires, la ministre de la Santé ne précise pas le montant. « Ces moyens permettront aux territoires de mettre en place des actions selon leurs besoins », explique Agnès Buzyn. Toutefois, les déserts médicaux sont un problème national, qui concerne l’ensemble du territoire !
Sur les contraintes ensuite, Agnès Buzyn affirme être opposée à d’éventuelles restrictions à la liberté d’installation : « On ne peut pas forcer des médecins qui ont fait onze à douze ans d’études à s’installer quelque part. Le risque serait qu’ils ne veuillent plus faire ce métier, ou de les voir partir » répondait la ministre de la Santé sur cette question. C’est en effet, tout à fait vrai.
Ensuite, la télémédecine - que le gouvernement souhaite développer davantage - mais qui ne sera probablement qu’un gadget coûteux !
Concernant les maisons de santé, l'ex-présidente de la Haute Autorité de santé (HAS) veut encourager le regroupement des médecins par la création de maisons de santé pluridisciplinaires. Le Président de la République, Emmanuel Macron veut en doubler le nombre. Toutefois, il n’y a pas assez de candidats. En faisant cela, la ministre creuserait un trou en déplaçant de place en place des médecins qui manqueront en ville.
Ensuite, sur le sujet des des consultations détachées de praticiens hospitaliers, cela semble impossible avec la réforme de l’internat : l’hôpital est déjà à la limite de la rupture !
Les contrats d’engagement de service public (CESP) et les praticiens territoriaux de médecine générale (PTMG); quant à eux, garantiraient à mille jeunes un revenu mensuel garanti de 6 900 euros brut : c’est une utopie.
Parlons maintenant des réseaux de soins : ils sont incompatibles avec notre modèle de santé ! L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) vient de publier un rapport négatif ! Ils sont coûteux et inefficients !
La mutuelle MGEN propose quant à elle un système mixte - une part fixe de 700 euros bruts par mois et une part variable - avec l’assurance de percevoir 2,5 SMIC par mois pour 35 heures de travail.
Enfin, les Agences de Santé (ARS, ANAP, INCA, IGAS, HAS) sont des obstacles à la lutte contre les déserts médicaux.
Ces agences - au nombre de 26 alors qu’il n’y a que 13 grandes régions - sont devenues un dispositif mortifère depuis la Loi HSPT (Bachelot). Elles ont pris tous les pouvoirs. Elles se contredisent et vont à l’inverse du but qui devrait être « l’efficience ! ». Elles favorisent les hôpitaux en transférant d’autorité les activités soumises à agrément, comme à Bergerac, par exemple.
Le dogmatisme des conseillers issus du cabinet Touraine suit le dogme de Br.Dormont : celle-ci considère que la médecine libérale est incompatible avec la Sécu et qu’il faut l’abattre !
Les déserts ne sont qu’un élément de la crise de la santé en France, vaste sujet, qui fera l’objet d’autres émissions. La prochaine concernera d’ailleurs : « l’Hôpital à la limite de la rupture ».
Retrouvez l'intervention de Dr Kron sur ce sujet le 17 octobre à 12h30 sur Sud Radio (99.9 FM).