L’espèce d’abeille la plus commune Apis mellifera est utilisée, les abeilles sont dans un premier temps dressées (cela est possible en 10minutes!). Pour ce faire, elles sont exposées à une odeur caractéristique d’une maladie et on les nourrit simultanément avec de l’eau sucrée. Sur le principe du réflexe de Pavlov, elles associent l’odeur à la récompense alimentaire.
Une designer portugaise, Susana Soares, s’est intéressée à la mise en place d’un tel outil diagnostique. Ainsi elle a conçu divers modèles de compartiments en verre permettant un diagnostic immédiat grâce à leur transparence. Le prototype classique présente une grande chambre en verre stockant les abeilles en attente, avec en son sein une plus petite chambre où les patients peuvent expirer de l’air. Les deux chambres sont reliées laissant l’air circuler dans tout le dispositif. Lorsque les abeilles détectent l’odeur pour laquelle elles ont été dressées, elles se mettent à voler dans tous les sens frénétiquement et en direction de la petite chambre.
A ce jour, les abeilles seraient capables de détecter le diabète, la tuberculose ou encore les cancers respiratoires, de la peau ou du pancréas. Elles sont programmées pour reconnaître des biomarqueurs spécifiques. D’autre part, il est aussi possible de les exposer aux phéromones secrétées par les glandes apocrines axillaires en collant à même la peau du patient une poche reliée par un tuyau au dispositif en verre. Ces phéromones contiennent des informations sur la santé du patient que les antennes des abeilles détectent.
Cette méthode est donc très rapide, non invasive et peu coûteuse. On estime qu’elle est fiable dans 90 à 98% des cas, des études plus larges sont encore en cours. Il pourrait être judicieux d’utiliser cette méthode de diagnostic dans les pays en voie de développement qui n’ont pas accès aux méthodes d’imagerie de haute technologie. L’inconvénient est la durée de vie d’environ six semaines des abeilles, qui oblige à recommencer le dressage régulièrement, mais ce dernier reste tout de même très rapide: en comparaison, les chiens renifleurs détecteraient les odeurs dans seulement 71% des cas et nécessitent un dressage de plusieurs semaines.
Le projet est né en 2009 mais s’est largement fait connaître récemment à la Dutch Design Week, au Pays-Bas, grâce à l’élégance des dispositifs diagnostiques en verre et leur utilité. Pourrait-on envisager de transformer ce test diagnostic en test de dépistage en population générale?
Texte : esanum / gm