Ces derniers ne seront d’ailleurs plus remboursés à partir de 1 Août 2018. La raison évoquée étant l’inefficacité de ces traitements ainsi que leurs dangers potentiels pour la santé.
Aujourd’hui en France, 900.000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer dont 10% prennent des médicaments. Mais dès le 1 Août 2018, ces personnes ne peuvent plus bénéficier du remboursement de ces traitements. La France est le seul pays européen à avoir pris une telle décision. Aricept, Exelon, Ebixa, Reminyl ainsi que leurs génériques étaient jusque là remboursés par l’Assurance Maladie à hauteur de 15%. Ces médicaments anti-Alzheimer jugés à ce jour peu efficaces et mêmes néfastes pour la santé seront déremboursés complètement cet été. Cette décision prise par la ministre de la santé Agnès Buzyn vient suite aux conclusions de la commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) et qui visait à évaluer les traitements en vue de leur remboursement. Selon cette commission, les médicaments cités ci-dessus se révèlent inefficaces dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. De plus, ils peuvent engendrer des effets secondaires graves chez certains patients.
Cependant, cette décision a rencontré des contestations de la part des associations des malades et des proches des malades d’Alzheimer. Selon France Alzheimer, cette mesure ne repose nullement sur de véritables fondements et représente un réel danger : « Au-delà de l’efficacité thérapeutique, la prescription de ces traitements permettrait le maintien du lien thérapeutique entre le patient et son médecin ».
Selon Olivier De Ladoucette, psychiatre et gériatre à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et président de la Fondation pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer, ces médicaments peuvent être très utiles pour les malades ainsi que pour le maintien à domicile lorsqu’ils sont prescrits à bon escient et avec un suivi régulier. « Je crois qu’on est en train de déstabiliser une filière de soins et de déstabiliser profondément les familles », a-t-il dit.
Selon l’association France Alzheimer, la raison économique est le principal motif pour le déremboursement de ces traitements, ce qui a été complètement infirmé par la ministre de la santé. Agnès Buzyn a expliqué que les économies réalisées grâce à cette mesure par l’Assurance Maladie (soit 90.000 euros) seraient affectées au budget pour l’accompagnement des malades et de leurs familles souvent démunies face à la prise en charge de leurs proches.
Si on compte à ce jour plus de 900.000 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ce nombre devrait atteindre les 1.200.000 personnes en 2020 avec toujours des malades de plus en plus jeunes (âgés de moins de 60 ans). 34.500 personnes âgées entre 40 et 65 ans sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France dans sa forme précoce. La prise en charge de la maladie d’Alzheimer ne repose pas uniquement sur des thérapies médicamenteuses et est plutôt médico-psycho-sociale.
Cette maladie très lourde source de dépendance est causée par 2 types de lésions cérébrales : l’accumulation de protéines bêta-amyloïdes sous formes de plaques et la dégénérescence neuro-fibrillaire. On connaît désormais que certains facteurs augmentent le risque d’atteinte par cette maladie : diabète type 2, tabagisme, hypertension artérielle ou encore l’hypercholestérolémie. Cependant et jusqu’à ce jour, le mécanisme d’initiation de ces anomalies n’est pas encore élucidé et est sujet de recherche.
Est-on en train de lâcher les patients avec une telle décision ? On sait très bien que la maladie d’Alzheimer et très hétérogène avec plusieurs aspects. Il est vrai que les médicaments cités plus haut peuvent se révéler inefficaces dans certains cas, mais ceci n’est pas vrai pour tous les malades d’Alzheimer. En effet, ces traitements permettent chez beaucoup de patients de retarder le déclin cognitif et il n’est pas rare de voir des malades qui s’aggravent subitement dans le mois qui suit l’arrêt des thérapeutiques. Les effets indésirables qui existent, comme d’ailleurs la majorité des médicaments, peuvent être évités en respectant les recommandations de prescription ainsi que les contre-indications. En déremboursant ces traitements, le recours au neuroleptiques aux effets secondaires encore plus importants pourrait aussi devenir plus fréquent. Enfin, il est important de souligner que la prescription médicamenteuse chez les malades d’Alzheimer permet de les intégrer ainsi que leurs familles dans une filière de soins avec un suivi régulier, ce qui permet de les accompagner et de leur proposer des solutions adaptées à chaque étape. L’arrêt de la prescription pourrait engendrer la perte de vue de ces malades et de leurs proches avec un risque d’isolement.