L’association entre score EPDS et complications périnatales a été récemment étudiée en Australie (DOI: 10.1038/srep33544). Le recrutement des participantes entre octobre 2007 et décembre 2013 concernait uniquement les grossesses sans risque et sans problème de santé mentale pré-existant. Les participantes ont complété le questionnaire EPDS lors de leur enregistrement à la maternité, et deux groupes d’étude ont ainsi été formés (score EPDS bas ≤9 et élevé ≥12).
L’étude inclut 26’110 grossesses, dont 10,4% de femmes avec un score EPDS élevé et 78.5% avec un score bas. Le groupe de score élevé est caractérisé par plus de patientes obèses (IMC ≥40 kg/m², 3.4 vs. 2.5%, p=0.003), aborigènes ou originaires hors d’Australie (3.8 vs. 1.9% et 45.5 vs. 42.5% respectivement, p<0.001). L’hypertension et la maladie thyroïdienne sont également plus communes chez ces femmes pour qui une durée supérieure de séjour à l’hôpital est constatée.
Les taux d’accouchement par voie basse, avec ou sans assistance instrumentale, et de césarienne planifiée sont identiques dans les deux groupes. Cependant, le taux de césarienne d’urgence augmente chez les femmes présentant un haut score EPDS (19 vs 17.5%, OR=1.16, IC95%=[1.04-1.29], p=0.006), ainsi que les césariennes de catégorie 1 avec menace immédiate du pronostic vital de la mère ou de l’enfant (5.2 vs 4.3%, OR=1.24, IC95%=[1.03-1.49], p=0.024). Les naissances prématurées (<37 semaines) apparaissent plus fréquentes en lien avec le score EPDS élevé (11.7 vs 8.6%, OR=1.38, IC95%=[1.21-1.57], p<0.001).
En ce qui concerne la période néonatale, le score EPDS élevé est significativement associé à un poids de naissance médian inférieur (3330 vs 3420g, p<0.001), et des fréquences plus élevées de score APGAR <7 (évaluation de la santé d’un nouveau-né juste après la naissance, 3.1 vs 2%, OR=1.52, IC95%=[1.18-1.93], p<0.001), de réanimation à la naissance (34.4 vs. 30.6%, p<0.001) et de décès néonatal (0.48 vs. 0.13%, OR=2.52, IC95%=[1.2-5.0], p<0.001).
Cette étude met en évidence, particulièrement, un lien entre score EPDS élevé et risque de procédure d’urgence de césarienne, ainsi que des complications néonatales très préoccupantes plus fréquentes, comme le besoin de réanimation et le décès du nouveau-né. Des taux élevés d’hormones de stress, liés à l’état dépressif, pourraient expliquer une altération du développement foetal et les naissances prématurées observées. De plus, les auteurs considèrent l’hypothèse d’altération prématurée du système reproductif, due aux expériences psychologiques vécues (l’Australie accueillant de nombreux migrants et réfugiés de régions désavantagées, reflété ici par la proportion plus importante de femmes non-originaires d’Australie). Si d’autres études semblent nécessaires à la compréhension des résultats de cette étude, les auteurs conseillent une attention particulière aux grossesses en cas d’état dépressif pré- ou périnatal.
Texte : esanum / jd
Photo : Andrey_Popov / Shutterstock
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