Les anticholinergiques sont utilisés pour augmenter le rythme cardiaque, diminuer les sécrétions de certaines glandes du corps ou encore diminuer les effet de la maladie de Parkinson. Ces substances agissent en inhibant l’action de l’acétylcholine. Cette dernière est le neuromédiateur principal du système nerveux, elle permet la communication nerveuse entre deux neurones, c’est un acteur de la mémoire.
Des chercheurs américains ont décidé d’examiner le rapport entre la prise de médicaments anticholinergiques et le risque de démence. Pour ce faire, ils ont fait intervenir 3 434 participants de 65 ans et plus, qui n’avaient pas de signe de démence lors du lancement de l’étude. Lancée en 1994 l’étude prend en compte les résultats récoltés jusqu’au 30 septembre 2012.
L’analyse des résultats a permis d’établir que 797 participants, soit 23% ont développé une forme de démence (dont 79,9% la maladie d’Alzheimer). Les chercheurs ont observé une relation entre la prise cumulée pendant dix ans de traitements anticholinergiques et le développement de la démence. Grâce à cette étude, il a été déterminé que les personnes prenant par exemple pendant plus de trois ans quotidiennement 10 mg de doxépine, un antidépresseur ou 5 mg d’oxybutynine contre l’incontinence urinaire … avait un risque bien plus élevé de souffrir à un moment ou un autre de démence. Il semblerait par ailleurs, que ces effets soient irréversibles, même après un arrêt du traitement.
Le Dr Shelly Gray, de l’Université de Washington à Seattle espère que ces résultats inciteront les médecins et soignants à la vigilance vis à vis des traitements de leurs patients, notamment ceux vendus sans ordonnance et à la prescription de traitements sans anticholinergiques. S’il n’existe pas de traitements alternatifs, elle conseille alors de prescrire les doses les plus faibles possible. Les médicaments anticholinergiques sont par ailleurs, disponibles sous certaines formes en pharmacie sans prescription, c’est pourquoi les pharmaciens sont eux aussi appelés à la vigilance.
Certains participants ont accepté l’autopsie de leur cerveau à leur décès. Ces recherches permettront alors de mesurer si les participants prenant des anticholinergiques souffrent davantage d’Alzheimer que ceux qui n’en ont pas pris et ainsi de peut-être expliquer le mécanisme ayant amener à ces résultats.
Source: AFP