Les cardiologues disposent désormais d’un arsenal thérapeutique pour traiter de façon optimale les patients atteints d’insuffisance cardiaque. Cependant, dans certains cas graves, les traitements conventionnels échouent ou ne sont pas suffisants. Les systèmes mécaniques de soutien cardiaque, appelés dispositifs d’assistance ventriculaire gauche (DAVG), sont de plus en plus souvent implantés chez ces patients. Destinés à couvrir la période qui s’écoule jusqu’à la transplantation cardiaque, ils peuvent également être considérés comme un soutien permanent.
Les DAVG actuels avec « flux axial » comportent beaucoup de risques. Les thromboses liées à la pompe et causées par un débit sanguin non physiologique comptent parmi les complications les plus dangereuses. Elles peuvent entraîner un accident vasculaire cérébral et, si elles sont détectées à temps, nécessitent une nouvelle opération de remplacement du DAVG. Aujourd’hui, une nouvelle génération de DAVG est arrivée sur le marché et a pour objectif de maîtriser ces problèmes.
La pompe des nouveaux appareils est montée magnétiquement et génère un flux centrifuge. D’une part, il s’agit de réduire la force de cisaillement dans le sang, prévenant ainsi l’hémolyse et la dégradation des facteurs de la coagulation. D’autre part, les DAVG centrifuges simulent également le battement cardiaque artificiel de manière à ce que le sang circule de manière plus physiologique s’agglutine moins fréquemment. Une nouvelle étude, publiée récemment dans le New England Journal of Medicine, a comparé l’ancienne et la nouvelle génération d’appareils.
L’étude comprenait 1 028 patients atteints d’insuffisance cardiaque provenant de 69 hôpitaux américains et ayant besoin d’un implant DAVG en raison de la gravité de leur état. La moitié des participants ont reçu un DAVG axial (Heartmate II, d’Abbot), l’autre moitié a reçu le nouveau DAVG centrifuge (Heartmate 3, également d’Abbot). Le critère d’évaluation principal de l'étude était la survie à 2 ans sans AVC ni échange de DAVG. L’étude a été financée par le fabricant de dispositifs médicaux Abbot.
Parmi les patients ayant reçu un DAVG centrifuge, 77 % ont atteint le critère d’évaluation principal après 2 ans, par rapport à seulement 65 % dans le groupe des patients ayant reçu un DAVG axial. Cela correspond à une différence significative de 12 % (p < 0,001).
Les DAVG centrifuges ont également dû être remplacés beaucoup moins souvent que les DAVG axiaux (2,3 % contre 11,3 %). Le risque de chirurgie de remplacement était 79 % plus faible pour les DAVG centrifuges (p < 0,001). Les thromboses par pompe étaient également rares dans les nouveaux dispositifs (1,4 % vs 13,9 %, p < 0,001), ce qui a réduit le nombre d’AVC (9,9 % vs 19,4 %, p < 0,001).
Les scientifiques ont également étudié la fréquence des saignements pendant le traitement par DAVG. Encore une fois, le traitement par DAVG centrifuge a entraîné moins de saignements (43,7 % vs 55,0 %, p < 0,001). Les autres complications du traitement par DAVG (insuffisance rénale et hépatique, insuffisance cardiaque droite, infections, arythmies) n’ont pas montré de différences entre les deux dispositifs.
L’étude montre que les patients équipés d’un DAVG centrifuge ont bénéficié d’un résultat significativement meilleur (moins de thromboses liées à la pompe, d’accidents vasculaires cérébraux et d’interventions de remplacement) que les patients ayant reçu un DAVG axial classique. Certains hôpitaux implantent déjà les nouveaux DAVG centrifuges. Avec les résultats de cette étude, l’introduction généralisée de la nouvelle technologie est devenue très probable.
Source :
Mehra MR et al. A Fully Magnetically Levitated Left Ventricular Assist Device — Final Report. N Engl J Med 2019; 380:1618-1627. April 25, 2019. DOI: 10.1056/NEJMoa1900486V