Cette situation, tout parent y a déjà été confronté : devoir identifier les pleurs de son bébé pour essayer de répondre à son besoin. A-t-il faim ? Envie de dormir ? A-t-il mal ? Une préoccupation partagée par les soignants des services de maternité, néonatologie ou pédiatrie qui cherchent à distinguer un simple désagrément d’une réelle douleur. À terme, un meilleur décodage des pleurs leur permettrait d’améliorer la gestion de leur douleur du nourrisson.
Chez le nourrisson, les pleurs sont la seule stratégie disponible pour communiquer avec les adultes qui l’entourent. Grâce à ces signaux vocaux innés, le bébé informe de son état sensoriel et émotionnel. Les pleurs sont d’autant plus essentiels lorsqu’il ressent de la douleur.
Malgré ce rôle majeur, l’information portée par les pleurs et son traitement au niveau du cerveau des adultes n’est pas connue. « Quelle capacité permet de comprendre le pleur de l’enfant et de répondre de façon adaptée ? Comment est codée l’information contenue dans le pleur ? ».
L’étude « Pleurs du nourrisson : recherche sur la perception de la douleur chez les parents » est en cours au CHU de Saint-Etienne. Soutenue par la Fondation APICIL, cette recherche est menée par l’équipe du Pr Peyron, neurologue, et celle du Centre de la douleur. L’objectif est d’évaluer la capacité des adultes à distinguer les pleurs liés à la douleur du nourrisson.
Pour cela, les chercheurs analysent les réponses neuronales induites par l’écoute de pleurs enregistrés dans deux situations de stress pour l’enfant : une non douloureuse, lors du bain, et une douloureuse pendant une vaccination.
80 sujets volontaires sont répartis en deux groupes : des jeunes parents et des non-parents. Chaque groupe contient autant d’hommes que de femmes. Placés dans une IRM fonctionnelle, les participants doivent évaluer la douleur supposée du bébé d’après les pleurs qu’ils entendent. Ces pleurs sont naturels mais leurs variables acoustiques sont contrôlées. Le cerveau se modelant en fonction des expériences acquises, c’est l’adaptation des circuits neuronaux provoquée par les sollicitations du bébé qui est observée.
Des éthologistes - spécialistes du comportement animal - participent aussi à cette étude, dont des chercheurs en communication acoustique animale du CNRS qui ont travaillé sur l’échantillonnage des enregistrements utilisés pour l’étude.
Ces experts de la communication chez les crocodiles ou les poissons, qui étudient par exemple les pleurs des bébés éléphants de mer, espèrent ainsi obtenir des éléments de réponse à trois questions communes : Quelles sont les informations transmises par les pleurs ? Comment sont-elles transmises ? Comment sont-elles décodées par les parents et non-parents ?
La synthèse des résultats de l'étude menée au CHU est en cours, mais les premiers résultats vont à l’encontre de certaines idées reçues :