Un chien et un chat éberlués de voir leurs maîtres soudainement soulagés et redevenir aussi agiles que dans leur jeune âge… Le spot TV vante les bienfaits d’une crème antalgique. Une efficacité pourtant proche de celle des placebos d’après l’étude commandée par l’armée américaine qui est confrontée au coût croissant engendré par l’utilisation de ces crèmes.
Malgré l'absence d'études spécifiques sur l'efficacité des crèmes antidouleur topiques, leur consommation a augmenté de façon exponentielle au cours des dernières années notamment chez les patients souffrant de douleurs chroniques. Dans cette étude publiée en février, les chercheurs ont voulu savoir si ces crèmes tenaient réellement leurs promesses. L’étude a porté sur 399 adultes recevant des soins dans une clinique militaire spécialisée dans la prise en charge de la douleur. Les participants ont été répartis en trois groupes : 133 personnes souffrant de douleurs neuropathiques, 133 autres de douleurs nociceptives et 133 souffrant de douleurs mixtes.
Les patients souffrant de douleurs neuropathiques ont reçu des crèmes antalgiques à base de kétamine, clonidine et lidocaïne. Les patients souffrant de douleurs nociceptives ont reçu de la cyclobenazprine et de la lidocaïne par exemple. Le groupe mixte a lui utilisé de la kétamine, du diclofénac, de la cyclobenzaprine ou de la lidocaïne. Les résultats ont été comparés à ceux d'un traitement placebo.
Le principal critère d'évaluation de l'étude était le changement du score moyen de la douleur après un mois de traitement avec l'analgésique topique correspondant. Les résultats ont été à la fois surprenants et sans ambiguïté. Dans les 3 groupes, le score moyen de douleur - sur une échelle de 10 points - était d'environ 5,5 au départ. Au bout d'un mois, aucune différence entre les scores moyens de douleur n'a été constatée entre les patients ayant reçu les principes actifs et ceux ayant reçu le placebo. Les scores moyens de douleur dans les trois groupes ont chuté d'environ 1,4 point.
Les résultats de cette étude sont à pondérer en raison de l'hétérogénéité des substances actives utilisées et de la courte période d'observation. Pourtant, elle semble montrer que les analgésiques topiques sont très probablement inefficaces, surtout chez les patients souffrant de douleurs chroniques. Leur utilisation dans ce cadre pourrait être remise en question, compte-tenu des coûts parfois élevés d'un traitement à long terme, et de l’absence de preuve d'efficacité au-delà de l'effet placebo.