Les travaux sur le vaccin AZD1222, fruit du partenariat entre l'université d'Oxford et son partenaire commercial AstraZeneca, ont commencé en janvier. Ce vaccin à vecteur viral est fabriqué à partir d'une version affaiblie d'un coronavirus responsable du rhume commun, qui provoque des infections chez les chimpanzés. Selon ses concepteurs, le vaccin expérimental produit une réponse immunitaire chez les personnes âgées comme chez les jeunes. Les données des premiers essais sont actuellement soumises à une revue à comité de lecture, mais AstraZeneca a confirmé ces informations.
Les essais de phase 2 ont montré que les personnes de plus de 56 ans - et même certaines de plus de 70 ans - ont produit le même type de réponse immunitaire que les personnes jeunes. C'est un élément fondamental car l’affaiblissement naturel du système immunitaire avec l’âge explique la forte mortalité liée à la Covid chez les personnes âgées.
«Il est encourageant de constater que les réponses d'immunogénicité étaient similaires entre les adultes plus âgés et les jeunes et que la réactogénicité était plus faible chez les adultes plus âgés, où la gravité de la maladie Covid-19 est plus élevée. Ces résultats renforcent les preuves de la sécurité et de l'immunogénicité de l'AZD1222175» a déclaré un porte-parole d'AstraZeneca. Par contre, il est probable que les premiers vaccins ne seront pas pleinement protecteurs - ils réduiront simplement la gravité de la maladie - et que des rappels seront nécessaires.
AstraZeneca prévoit d’obtenir des résultats probants pour les essais de phase 2/3 d'ici fin 2020. Ceci permettrait une mise à disposition rapide, sous réserve d’acceptation par les autorités sanitaires des États. Le ministre britannique de la santé Matt Hancock a annoncé qu’il préparait d’ores et déjà la logistique nécessaire pour le déploiement du vaccin au cours du premier semestre 2021. AstraZeneca pourrait fournir 3 milliards de doses, correspondant à la vaccination de 1,5 milliards de personnes.
Les derniers essais (phase 3) se déroulent dans six pays : Royaume-Uni, USA, Afrique du Sud, Brésil, Japon et Inde. Ils portent sur plusieurs dizaines d emilliers de volontaires et visent à vérifier que la différence entre le nombre de décès chez les personnes vaccinées et non-vaccinées est significative, donc que le rapport bénéfices/risques est favorable. Les essais aux États-Unis ont repris après avoir été interrompus quand un volontaire au Royaume-Uni est tombé malade. Au Brésil, un participant à l'étude est décédé en octobre ; il s'est avéré qu'il faisait partie du groupe placebo.
Stephen Evans, professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene & Tropical Medicine appelle à la prudence : «Nous avons besoin de voir les données (…) Il est encourageant de constater que les chercheurs suggèrent que les réponses immunitaires mesurées dans le sang semblent montrer une efficacité aussi bien au-dessus qu'en dessous de 70 ans. Les essais de la dernière phase sont nécessaires pour voir si les réponses immunitaires se traduisent par une efficacité clinique dans la prévention de l'infection. Ces essais porteront sur un échantillon plus important, et il est sage de ne pas être trop optimiste avant la fin de ces essais.» Il rappelle que l'augmentation des taux d'anticorps dans le sang témoigne de l'activité es défenses immunitaires, mais ne garantit pas la protection contre la multiplication du virus dans l'organisme. D'après le spécialiste d'autres essais seront nécessaires pour s'assurer de l'efficacité du vaccin en prévention de l'infection.
Source :
Oxford Covid vaccine works in all ages, trials suggest
The Guardian - 27 octobre