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La grippe espagnole est probablement une des pires pandémies de l’histoire humaine. Elle a fait plus de 50 millions de morts et était due à un autre virus respiratoire, l’influenzae de type H1N1 dont l’origine est probablement américaine (Kansas). Si le nombre absolu de morts dû à la grippe espagnole est définitivement plus important par rapport au COVID-19, la mortalité naturelle était aussi beaucoup plus importante dans les années 1910.
Ainsi, pour comparer l’impact en mortalité des deux pandémies, il semble beaucoup plus intéressant de mesurer l’excès de mortalité pendant la période des pandémies en comparant la mortalité «observée» par rapport à la mortalité «attendue» déduite des courbes de mortalité des années précédentes. C’est ce qu’a étudié une équipe de l’université d’Harvard en comparant l’impact des ces deux pandémies sur la population de New-York City (JAMA Network, 13 août 2020).
Surprise ! Alors que la mortalité a été multipliée par un facteur 2,80 (IC95%[2,74-2,86]) pendant la grippe espagnole, la COVID-19 a entrainé un excès de mortalité d’un facteur 4,15 (IC95%[4,05-4,24]) !!
Autrement dit, la mortalité durant la grippe espagnole dans la ville de New-York a été plus faible de 30% ! (0,70 ; IC95%[0,69 ;0,72]).
On sait que les russes ne font plus de phase 3 (efficacité et sécurité) pour leur vaccin !
Les chinois publient les résultats préliminaires des phases 1 (efficacité biologique) et 2 (recherche de dose efficace) d’un vaccin de type inactivé (JAMA, 13 août 2020). Il s’agit du SARS-CoV-2 isolé, cultivé puis inactivé qui est injecté.
Il est admis que la pandémie du COVID-19 entraine une morbidité indirecte d’autres pathologies par le fait que les patients avaient changé leurs habitudes par rapport aux consultations médicales, aux recours aux urgences etc. Des auteurs se sont intéressés à l’impact de l’épidémie de COVID-19 sur les troubles psychologiques ou psychiatriques de la population générale dans une étude comparative entre les mois d’avril-juin 2020 et l’année 2019 aux États-Unis.
Les auteurs concluaient en un impact majeur de cette pandémie sur la santé psychologique de la population générale.
On sait que l’évolution des patients atteints de COVID-19, surtout dans les formes graves, est associée à un risque thromboembolique bien documenté. La présence de ces évènements thromboemboliques ou la valeur élevée des Ddimères chez les patients COVID-19+ en réanimation est associée à un pronostic plus sévère.
Qu’en est-il pour les patients se présentant aux urgences, à la phase initiale de l’aggravation des symptômes ? Une étude conduite par une équipe française, internationale, observationnelle et rétrospective a voulu comparer la fréquence des embolies pulmonaires chez les patients COVID-19+ avec celle des patients non COVID-19 (Acad Emerg Med, 30 juillet 2020).
Ce travail montre bien les dangers de la généralisation rapide d’une notion qui reste évidente chez les patients COVID-19+ graves mais qui ne peut probablement pas être transposée à tous les patients COVID-19.
Néanmoins, l’indication de l’anticoagulation préventive pour les formes hospitalisées (qui constitue encore une autre population) reste valable.
Le rationnel cellulaire de l’action de l’hydroxychloroquine a été publié dans trois études chinoises qui testaient l’hydroxychloroquine sur la même lignée de cellules immortalisées de rein de singe. Ils constatèrent que ce médicament élevait le pH des vésicules qui transportent le SARS-CoV-2 dans la cellule alors que ce virus a besoin d’un pH bas. La régulation de cette voie «pH dépendant» de l’entrée du virus est sous le contrôle d’une protéine enzymatique, la CatL, cible de l’hydroxychloroquine.
Cela marche très bien… sur des cellules rénales de singe !
Le problème, c’est que dans l’épithélium respiratoire le SARS-CoV-2 entre dans la cellule par une autre voie qui est «pH-indépendant» et gouvernée par une autre protéine : l’enzyme TMPRSS2. Autrement dit, le support cellulaire qui rendait crédible l’utilisation de l’hydroxychloroquine est tout simplement erroné puisque dans le COVID-19, le rein n’est pas la porte d’entrée du virus mais c’est l’épithélium respiratoire.
C’est ce qu’a démontré une équipe qui a publié ces résultats dans la célébrissime revue Nature (Nature, 22 juillet 2020). En comparant l’action de la chloroquine sur les cellules de rein de singe (Vero) et les cellules humaines de poumons (Calu-3), ils ont démontré que le SARS-CoV-2 n’était pas freiné par la chloroquine dans l’épithélium humain alors que cela fonctionne à peu près bien pour les cellules de rein de singe.
On se souvient de l’annonce de l’AP-HP un peu catastrophique qui révélait des résultats prometteurs et positifs de cette molécule anti-IL6 destinée à combattre l’orage cytokinique du COVID-19 chez les patients graves en réanimation. Et bien le laboratoire Roche a annoncé que l’essai COVACTA qui testait cette molécule chez les patients COVID-19+ sévères avec pneumopathie n’atteignait pas ses objectifs (Roche, communiqué de presse, 29 Juillet 2020).
On attend la publication dans une revue médicale de haut niveau !
[Merci au Dr. Axel Ellrodt]