Un test d’anticorps fiable, très peu coûteux et qui ne nécessite qu’une petite goutte de sang... Une solution prometteuse pour les autotests à domicile ou pour tester les enfants.
La recherche d’anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2.ne permet pas de détecter une infection active. Par contre, elle est très utile pour savoir combien de personnes ont déjà été infectées ou pour évaluer l’efficacité d’un vaccin anti-Covid-19 dans des essais cliniques. Problème : de tels tests nécessitaient jusqu’à présent une prise de sang et des réactifs onéreux.
Des scientifiques suisses viennent de mettre au point un test d’anticorps fiable et bon marché, pour lequel une seule goutte de sang prélevée au bout du doigt suffit. Leur étude a été publiée dans le PNAS. Concrètement, une petite trousse de prélèvement achetée en pharmacie ou en supermarché permet aux personnes de réaliser le prélèvement capillaire à domicile puis d’envoyer l’échantillon à un laboratoire. Le test est réalisable même sur du sang séché, conservé à température ambiante depuis une semaine et envoyé par courrier.
En 2020, ces scientifiques avaient déjà mis sur pied une plateforme qui permet d’analyser jusqu’à 1024 échantillons à la fois, grâce à de touts petits tubes en plastique taillés dans une puce «microfluide» en plastique de la taille d’une clé USB. Si un échantillon présente des anticorps contre le SARS-CoV-2, une molécule génère un signal fluorescent détectable au microscope.
Avec ce dispositif les chercheurs ont testé 289 échantillons de sang, dont 155 infectés par le SARS-CoV-2. La sensibilité a atteint 98%. Quant à la spécificité, elle est de 100% : le test n’a jamais mis en évidence d’anticorps chez des personnes non infectées.
Ce système microfluide ne nécessite qu’une très faible quantité de sang et de réactif. De plus, des centaines de tests sont réalisables simultanément par un seul opérateur. Le coût unitaire est donc très faible. Sebastian Maerkl, qui dirige le laboratoire de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne ayant paticipé à ces recherches, l’évalue, tout compris (réactifs, salaire de l’opérateur, etc.) à environ 50 cents par test.
Isabella Eckerle, Professeure à la Faculté de médecine de l’Université de Genève Coordinatrice médicale du Centre des maladies virales émergentes a participé au développement de ce dispositif. Elle y voit un intérêt évident : « La petite quantité de sang et le prélèvement par piqûre au bout du doigt, rapide et quasiment indolore, rendent cette méthode très attrayante pour une utilisation chez l’enfant, ce qui offre la possibilité unique d’évaluer les taux de séroprévalence dans des garderies ou des jardins d’enfants.» Le test est d’ailleurs actuellement utilisé dans de telles structures à Genève.
Autre intérêt de cette méthode, elle peut être utilisée pour mener des études de séroprévalence dans des zones peu accessibles ou dénuées de laboratoire, comme en Afrique subsaharienne.
Par ailleurs, Sebastian Maerkl précise que cette plateforme de diagnostic pourrait être utilisée pour réaliser d’autres types de tests, par exemple par des personnes souffrant d’anémie et qui voudraient connaître leur taux de ferritine sanguine.
Références :
- EPFL – Un test COVID-19 détecte des anticorps dans une petite goutte de sang
- Zoe Swank, Grégoire Michielin, Hon Ming Yip, Patrick Cohen, Diego O. Andrey, Nicolas Vuilleumier, Laurent Kaiser, Isabella Eckerle, Benjamin Meyer, Sebastian J. Maerkl
A high-throughput microfluidic nanoimmunoassay for detecting anti–SARS-CoV-2 antibodies in serum or ultralow-volume blood samples
Proceedings of the National Academy of Sciences May 2021, 118 (18) e2025289118;
DOI: 10.1073/pnas.2025289118