Consommation de sucre chez les enfants européens de 1 à 8 ans

L’obésité est un défi sanitaire actuel d’envergure mondiale. En Europe, la prévalence de surpoids chez les enfants de 4 à 7 ans varie de 7.6 à 29.8% (en Allemagne et Espagne, respectivement). L’augmentation de la consommation de sucre chez les enfants depuis un siècle sont associés à l’augmentation de la prévalence d’obésité et de diabète.

L’obésité est un défi sanitaire actuel d’envergure mondiale. En Europe, la prévalence de surpoids chez les enfants de 4 à 7 ans varie de 7.6 à 29.8% (en Allemagne et Espagne, respectivement). L’augmentation de la consommation de sucre chez les enfants depuis un siècle sont associés à l’augmentation de la prévalence d’obésité et de diabète. L’institut de médecine (académies des sciences, USA) recommandait en 2002 une consommation de sucres ajoutés inférieure à 25%E (% de la consommation énergétique) journalière et dans ses lignes directrices publiées en 2015, l’OMS propose de réduire la consommation journalière de sucres ajoutés à moins de 5%E.

Etude et méthodes

Une étude a récemment été conduite pour évaluer la consommation de sucre chez les enfants européens âgés de 1 à 8 ans (étude longitudinale menée en Allemagne, Belgique, Espagne, Italie et Pologne) et pour analyser les facteurs qui y sont associés (DOI: 10.1038/ejcn.2016.206). L’étude a inclus 995 enfants ayant participé au European Childhood Obesity Project évaluant l’effet de la consommation d’un lait riche ou pauvre en protéines pendant la 1e année de vie sur la croissance et l’adiposité d’enfants en bonne santé, issus d’une grossesse sans complication et d’un accouchement à terme. Un enregistrement de l’alimentation sur 3 jours consécutifs (2 jours de semaine et 1 jour de weekend) a été effectué à 12 (n=827), 18 (n=717), 24 (n=747), 36 (n=531), 48 (n=503), 60 (n=445), 72 (n=468) et 96 mois (n=399). Pour la présente étude, la consommation jointe de sucres naturels et ajoutés (tous mono- et di-saccharides) est investiguée. Le poids et la taille des enfants, l’éducation de la mère, son âge à la naissance, son poids de pré-grossesse, son IMC et l’ordre de naissance de l’enfant dans la fratrie ont été pris en considération comme potentielles variables explicatives.

Résultats

La consommation énergétique moyenne augmente de 3658 à 6662 kJ/jour entre les âges de 1 et 8 ans. La consommation moyenne de carbohydrates augmente parallèlement de 114.4 à 192.3 g/jour, mais la part de sucres dans les carbohydrates a tendance à diminuer (de 57 à 43%) malgré l’augmentation de la consommation moyenne de sucres (de 65.2 à 82.9 g/jour). Des différences significatives (p<0.001) de consommation moyennes de sucres totaux sont observées en fonction des pays (consommations maximales pour les enfants polonais de 76 à 93 g/j et minimales pour les enfants italiens de 51 à 73 g/j), et en fonction du sexe (valeur moyenne supérieure de 2.95 g/j chez les garçons).

La consommation de sucre provient principalement des catégories alimentaires suivantes: lait et produits laitiers, fruits et produits à base de fruits, confiseries, pain et céréales, boissons sucrées. Si l’apport en sucres des fruits et pain/céréales est constant au cours du temps (approx. 30 et 5%, respectivement), celui des produits laitiers diminue (de 47 à 19% entre 1 et 8 ans) et celui des confiseries et boissons sucrées augmente (de 5 à 24% et de 2.0 à 6.7% respectivement). La contribution des sucres dans l’apport énergétique décroît sur la période d’étude, principalement par la diminution de la part des produits laitiers (de 14 à 4 %E), mais la contribution des sucres issus de confiseries et boissons sucrées augmente de 2 à 5 %E et de 0.6 à 1.4 %E respectivement.

Le pays de résidence est associé aux sources alimentaire de sucres et révèle différentes tendances au cours de la période d’étude. Le %E de sucre issu des produits laitiers est le plus grand chez les enfants d’Espagne et le plus faible chez ceux d’Allemagne et d’Italie, tandis que l’apport par les fruits est le plus important en Allemagne et le plus faible en Espagne et Belgique. L’apport par les boissons sucrées est faible dans chaque pays (33 ans respectivement, p<0.001) et par le niveau d’éducation de la mère et l’ordre de naissance dans la fratrie (source de sucre par produits fruitiers amoindrie avec une éducation plus faible: +1.98 %E, p<0.05 pour une éducation moyenne et +3.62 %E, p<0.001 pour une éducation élevée, et par un ordre de naissance plus élevé: -3.81 %E à partir du 3e enfant). Les enfants anciennement nourris au sein montrent une plus faible consommation de sucre par les sucreries (-1.18 %E, p<0.05).

Conclusions

Cette étude met en évidence une augmentation de l’apport de sucres totaux, mais une diminution de l’apport énergétique issu de cette consommation, dans une population d’enfants européens entre l’âge de 1 et 8 ans. Les données montrent une consommation de sucres totaux plus faible que chez des enfants américains, canadiens ou d’autres populations analysées dans l’étude multicentrique IDEFICS. Les habitudes alimentaires des pays européens ici étudiés sont très différentes, révélant une association du pays de résidence avec la consommation et les sources alimentaires de sucres totaux. Le sexe de l’enfant, l’âge et l’éducation de la mère et l’ordre de naissance dans la fratrie sont également associés aux différences observées. Il apparaît donc important de mettre en place des recommandations nutritionnelles européennes en considération avec les cultures alimentaires de chaque pays. Des efforts doivent être faits pour atteindre les parents d’enfants à risque nutritionnel, en particulier des parents jeunes n’ayant pas bénéficié d’un certain niveau d’éducation.

Texte : esanum / jd
Photo : kwanchai.c / Shutterstock