Les diagnostics précoces donnent de meilleurs chances de succès thérapeutique, mais la survie est compromise pour la plupart des cancers avancés. Il est important de mettre en place des mesures de prévention grâce à la connaissance des facteurs de risques à l’origine des cancers. A ce sujet, la nutrition est de plus en plus considérée. En particulier, le café est une boisson très largement consommée de part le monde, et est une mixture complexe de composants biologiquement actifs, avec potentiellement des propriétés anti-tumeur. L’association café-tumeur a beaucoup été étudiée, et de nombreuses méta-analyses existent. Cependant, les études se limitent souvent à quelques types de cancers, et les analyses dose-réponse sont souvent manquantes.
Une équipe sino-américaine vient de publier les résultats d’une méta-analyse d’études de cohortes évaluant les associations entre consommation de café et la plupart des types de cancer (DOI: 10.1038/srep33711). La recherche de la littérature existante a été réalisée jusque juillet 2015. Ont été incluses des études de cohortes prospectives, de cohortes de cas, et de cohorte cas-témoins, évaluant l’incidence des cancers selon la consommation de café (dose la plus faible vs. dose la plus forte). Des analyses dose-réponse ont été menées pour les cas d’associations significatives, si possible.
La revue de la littérature a conduit à l’inclusion de 105 études dans cette méta-analyse, permettant d’évaluer les associations entre consommation de café et cancers du système digestif (oro-pharyngé, 6 études; oesophage, 6 études; estomac, 12 études; colorectal, 21 études; pancréas, 15 études; foie, 9 études), du système urinaire (rein, 5 études; vessie, 10 études; prostate, 14 études), du système génital féminin (sein, 17 études; ovarien, 9 études; endomètre, 12 études) et d’autres cancers (poumon, 4 études; mélanome, 6 études; lymphome, 3 études).
Des associations significatives ont été révélées pour les cancers oro-pharyngés (RR=0.69, IC95%=[0.48-0.99], p=0.044), du colon seul (RR=0.87, IC95%=[0.78-0.96], p=0.007), du foie (RR=0.46, IC95%=[0.37-0.57], p=0), de la prostate (RR=0.89, IC95%=[0.84-0.93], p=0.003), de l’endomètre (RR=0.73, IC95%=[0.67-0.80], p=0; non significatif après ajustement à l’IMC), du poumon (RR=2.18, IC95%=[1.26-3.75], p=0.005) et le mélanome (RR=0.89, IC95%=[0.80-0.99], p=0.031).
La méta-analyse dose-réponse révèle des associations linéaires et des risques relatifs de 0.73 (IC95%=[0.67-0.79]), 0.97 (IC95%=[0.96-0.98]) et 0.88 (IC95%=[0.85-0.92]) d’incidence des cancers du foie, de la prostate et de l’endomètre, respectivement, pour une augmentation de 2 tasses de la consommation journalière de café.
Quelques limitations sont à prendre en considération pour l’interprétation des résultats de cette étude, à savoir que (1) les études intégrées ne prenaient pas toutes en compte d’éventuels facteurs confondants, pouvant mettre en cause l’effet même de la consommation de café, (2) certaines études ont quantifié la consommation de café en millilitres, et d’autres en nombre de tasses, biaisant potentiellement les analyses dose-réponse et (3) certains cancers souffrent d’un faible nombre d’études disponibles, impactant la confiance des résultats. Cependant, il apparaît que la consommation de café soit un facteur de risque du cancer du poumon, et ait un effet bénéfique sur l’incidence des cancers oro-pharyngés, du colon, du foie, de la prostate, de l’endomètre et du mélanome. La consommation de tabac est associée à une forte consommation de café, et est certainement en cause dans l’augmentation de l’incidence du cancer du poumon chez les grands consommateur de café.
Les mécanismes par lesquels le café diminuerait l’incidence des autres cancers restent à définir, mais impliquent certainement les molécules bio-actives du café (caféine, cafestol, kahweol et acide chlorogénique).
Texte : esanum / jd
Photo : Zadorozhna Natalia /
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