Prenons l’exemple d’une femme, qui au cours d’une consultation chez son gynécologue découvre une masse dans sa poitrine. La patiente va subir des examens complémentaires pour déterminer la nature de ce nodule: une échographie mammaire et éventuellement une mammographie. Ce début de prise en charge va déjà être une source d’anxiété pour la patiente qui est dans l’attente de résultats. Pour confirmer un diagnostic de malignité et par la suite mieux adapter le traitement une microbiopsie échoguidée va être menée.
L’hypnose est une technique qui place les individus dans un état de conscience intermédiaire entre sommeil et éveil permettant de faire abstraction de la réalité environnante en restant en contact avec l’hypnothérapeute. Elle peut alors dès cette étape intervenir dans le cadre de l’hypnoanalgésie. Une étude a été menée sur 236 patientes devant subir une biopsie mammaire. Après randomisation, un premier groupe a eu une prise en charge standard, un second groupe a bénéficié d’un coach chargé de répondre à leur anxiété de manière empathique et le troisième groupe a eu recours à une relaxation sous hypnose. Les degrés d’anxiété et de douleur ont été mesurés par une double échelle analogique visuelle. L’anxiété globalement élevée a augmenté dans le premier groupe, est restée stable dans le second et a diminué dans le troisième. La procédure a été considérée douloureuse par l’ensemble des patientes mais le deuxième et le troisième groupe ont présenté des scores de douleur significativement inférieurs. Enfin l’acte a duré moins longtemps chez les femmes sous hypnoses par rapport aux deux autres groupes, grâce à leur calme notamment. Cette méthode non pharmacologique peut être facilement mise en place et permet une prise en charge plus supportable par les patientes.
Si à l’issue de cette biopsie, l’examen histologique détermine qu’il s’agit d’un carcinome mammaire, le diagnostic va devoir être annoncé à la patiente. A nouveau l’hypnose a son rôle à jouer mais d’un point de vue plus psychique que physique cette fois. L’annonce génère un stress qui peut être qualifié de “post-traumatique”, qui pousse souvent la patiente à se focaliser sur les évènements négatifs et à nier inconsciemment ce qui est plus positif. L’hypnose va tenter de faire basculer la patiente de cette transe négative vers une transe positive. En la plongeant dans cet état de semi-conscience, elle va être hyperéceptive aux paroles de l’intervenant qui va pouvoir lui remémorer des pensées positives aussi bien provenant de sa mémoire mais aussi de son imagination en ce qui concerne son avenir. L’intervenant peut aussi la rassurer sur sa prise en charge future pour que son anxiété diminue. A partir de là, la patiente pourra recourir à des séances d’hypnose régulières dès qu’un acte médical, qu’un traitement ou qu’un évènement l’angoissera.
Par la suite, imaginons que la patiente est traitée par chimiothérapie et/ou radiothérapie, l’hypnose a aussi fait ses preuves dans la diminution des effets secondaires tels que les nausées, vomissements, bouffées de chaleurs etc… L’avantage de l’hypnose est avant tout sa rapidité d’efficacité lorsque les symptômes apparaissent. D’autant plus que la patiente peut être formée pour savoir activer cet état seule par l’auto-hypnose et ainsi soulager son inconfort dès qu’il survient, même à domicile.
Enfin, si cette même patiente devait subir une chirurgie mammaire, là encore une hypnose anesthésique pourrait être utilisée: l’hypnosédation est effectivement une alternative à l’anesthésie générale! Il n’est désormais plus étonnant que des médecins anesthésistes plongent leurs patients dans un état hypnotique et leur parlent de leurs vacances, de sensations agréables etc… pendant que le chirurgien opère. En principe les patients reçoivent une anesthésie locale de la zone cutanée incisée, il n’y a pas de prémédication mais une petite dose de morphine de courte durée pendant l’intervention est administrée ainsi qu’une dose pour la période post-opératoire. Les patients opérés sous hypnose se souviennent de l’intervention sans ressentir la douleur, leur réveil est plus rapide qu’après une anesthésie générale et sans complication. La durée d’hospitalisation de ces patients peut alors être réduite et ils ne subiront pas les effets secondaires des analgésiques utilisés en anesthésie générale.
L’hypnose est donc une technique malléable qui s’adapte à chaque situation médicale mais aussi à chaque patient. Chaque plongée en état hypnotique est différente et oblige le thérapeute à recourir à une grande variété de discours, d’intonations etc… Elle permet aussi bien de réduire les douleurs psychiques que physiques. Elle ne remplace pas les traitements médicaux actuels mais présente de nombreuses modalités pour les compléter. Aujourd’hui, elle est totalement acceptée au bloc opératoire et certaines séances d’hypnothérapie sont même remboursées en partie par la sécurité sociale. Et si notre patiente prise en exemple devait guérir de son cancer, l’hypnose pourrait à nouveau l’accompagner pour qu’elle trouve un nouvel équilibre après la maladie…
La Semaine nationale de lutte contre le cancer est un événement annuel organisé par La Ligue afin de “partager, sensibiliser, impliquer, concerner tous les publics à la nécessité de lutter contre le cancer.” Cette année la semaine se déroule du 16 au 22 mars. À cette occasion, nous publierons chaque jour, un article en rapport avec le cancer.
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