Orateurs:
Dominique Bonnet-Zamponi, Paris
Lucie Bolignano, Paris
Michele Odorico, Brest*
Sylvaine Boeuf-Gibot, Clermont-Ferrand
* présentation non rapportée
L’utilisation d’anticoagulants oraux directs (AOD) chez les personnes âgées (>80 ans) souffre d’un manque de connaissance des bénéfices/risques. Si les recommandations européennes ne remettent pas en cause leur utilisation, les instances françaises ne statuent pas vraiment à ce sujet, et les médecins se retrouvent donc seuls face à un choix important. Le besoin de clarifier les choses se fait sentir, d’autant plus que la population française est vieillissante (les estimations pour 2050 sont de plus de 50% de personnes âgées de plus de 80 ans).
Le réseau indépendant PRESAGE (www.reseau-presage.fr) de pharmacovigilance régionale pour les sujets âgés a lancé une 1e étude (PRESAGE-ACO) dans le but d’évaluer les bénéfices/risques en vie réelle des nouveaux anticoagulants et anti-vitamines K dans le traitement de la fibrillation atriale non valvulaire chez les personnes âgées de 80 ans et plus suivies en ville et en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) en Ile-de-France. À ce jour, 107 professionnels de santé et 14 patients ont rejoint l’étude. Les prédictions de réalisation de l’étude font part d’un nombre nécessaire de 200 patients. Il sera intéressant de suivre les résultats de l’étude qui donneront peut-être enfin des indications aidant la décision des praticiens dans la prescription d’anticoagulants pour cette population à risque.
Afin d’évaluer l’effet de l’obésité sur la détection de la dénutrition par albuminémie chez les personnes âgées, un questionnaire a été adressé à des médecins généralistes. Chaque médecin répondant devaient fournir des informations concernant deux patients de plus de 75 ans, dont un maigre (IMC<18) et un obèse (IMC>30). Grâce aux données de 320 patients, il a été constaté que la surcharge pondérale diminue de 89% le potentiel de recherche de dénutrition. La durée d’exercice d’un praticien diminue également ce potentiel de 4% par année supplémentaire d’exercice. Enfin, l’âge du patient augmente ce potentiel de l’ordre de 8%.
En conclusion, il apparaît qu’une représentation erronée de l’obésité conduit les médecins à moins rechercher la dénutrition chez les personnes âgées obèses, qui se retrouvent ainsi sous le risque d’une double peine, liée à l’obésité et au retard de prise en charge de la dénutrition. Il est ainsi impératif de modifier la représentation de l’obésité.
Le placement en EHPAD concerne 10% des plus de 75 ans. L’aspect fin de vie est pris en charge par le médecin traitant et les personnels des EHPAD. Cependant, le sujet de la fin de vie n’est pas beaucoup abordé et très peu de directives anticipées sont rédigées. Pour connaître les attentes des personnes âgées à ce sujet, des entretiens ont été conduits auprès de 16 personnes.
Les conditions d’entrée dans l’EHPAD sont importantes vis-à-vis du ressenti des interrogés. Les institutionnalisés volontaires ont plus réfléchi à la fin de vie. Si globalement les principales craintes sont la douleur et le handicap, les plus jeunes ne sont pas contre une hospitalisation et des soins invasifs, tandis que les plus de 90 ans sont plutôt contre mais pensent ne pas avoir le choix. Par rapport au décès, un départ sans douleur dans le lit de l’EHPAD est très largement souhaité. Les principaux freins à la rédaction de directives anticipées sont la méconnaissance, le manque d’intérêt, et la peur de prendre des décisions définitives et préjudiciables. Un changement d’opinion à ce sujet n’est pas induit par l’entrée en EHPAD mais serait plutôt liée au décès du conjoint. En général, les personnes âgées attendent du médecin généraliste qu’il prenne l’initiative de la discussion sur la fin de vie, mais avec tact, humanité et respect.
Texte : jd/ esanum