Orateurs:
Anne-Sophie Lavabre, Liège (Belgique)
Simon Filippi, Gap
Delphine Le Goff, Brest*
Laurent Magot, Bordeaux
* présentation non rapportée
L’utilisation de l’outil d’information qu’est internet par les patients est une source de méfiance pour les médecins généralistes, qui le considèrent comme une gêne dans la relation médecin-patient. Les nombreuses informations de santé qui y circulent sont souvent peu fiables et source de grande confusion pour une majorité des utilisateurs qui ne sait pas correctement chercher des informations ni évaluer de façon critique la qualité de leur contenu.
L’outil DISCERN (//www.discern.org.uk) est une grille d’évaluation aidant à déterminer la qualité d’un texte d’informations médicales. Il a été utilisé dans sa version brève (6 questions) lors d’une enquête mixte anonyme pour laquelle 4 généralistes et 32 patients ont évalué 3 textes médicaux de qualité inégale. La satisfaction des patients quant à la capacité de l’outil DISCERN à les aider à évaluer la qualité des textes était de 72%. Cependant, il n’y a eu que 32% de bons répondeurs (évaluation similaire à celle des professionnels). L’analyse des caractéristiques socio-économiques des patients n’a montré aucune corrélation avec le fait d’être bon répondeur ou non. Ces deux derniers points ne permettent pas de recommander l’outil DISCERN auprès de patients internautes, qui attendent un accompagnement et un avis éclairé dans leur démarche de recherche d’information, dont le médecin généraliste reste le référent privilégié.
La confiance du patient envers son médecin est essentielle pour l’efficacité d’une prise en charge. L’utilisation d’outils techniques en médecine générale est variable, mais de plus en plus fréquente. Cependant, le rôle de cette utilisation dans la relation de confiance n’est pas connu. À cette fin, des entretiens téléphoniques randomisés ont été conduits dans la région PACA à l’aide d’une traduction française de l’échelle de mesure de l’indice de confiance WFPTS (Wake Forest Physician Trust Scale), en s’intéressant à la disposition et utilisation de l’électroencéphalogramme, l’échographie et le saturomètre.
Les résultats obtenus montrent un score de confiance globalement élevé (moyenne de 41.4 sur une échelle de 10 à 50), particulièrement associé aux données socio-démographiques telles que l’âge des patients (>70 ans) et la durée de la relation patient-médecin (>20 ans). Cependant, aucune association n’a été démontrée avec l’utilisation d’outils techniques, quel que soit le type et le nombre d’outils. En conclusion, il semble important de distinguer la notion de confiance de celle de satisfaction, pour laquelle l’emploi d’outils techniques pourrait avoir un impact.
Depuis une dizaine d’années, on assiste à l’essor des informations médiatiques relatives à la santé, principalement par les médias télévision (campagnes, santé publique) et internet (associations de malades, news médicales, blogs). La perception de ces informations par les patients, l’influence sur leur comportement en terme santé et la place du médecin généraliste ont été évaluées par entretiens en cabinet avec 13 patients.
Il en ressort dans un premier temps une distinction claire entre les médias de réception (télévision) et de recherche (internet) d’informations médicales. En général, les informations sont perçues négativement, provoquant des réactions anxiogènes de peur et de doute. Le comportement des patients est grandement modifié en termes de demande de soins et d’examens, d’observance, d’auto-diagnostic et auto-médication, de confiance envers le système de soins, et dans la relation médecin-patient. Ces influences dépendent de la qualité de la relation du patient avec le médecin généraliste qui a un rôle très important en tant que médecin traitant (les patients modélisent la consultation avant de s’y rendre), de médecin dans les médias (plus de poids de l’information) et médecin dans l’entourage des patients (confirmation/infirmation de l’information). Le médecin, par sa capacité à commenter l’information médiatique, reste l’interlocuteur de choix auprès des interrogés.
Texte : jd / esanum
Photo : kirill_makarov / Shutterstock