Orateurs:
Clément Le Glatin, Nantes
Déborah Ebstein, Arquennes (Belgique)
Thomas Rodriguez, Besançon
Céline Casta, Nice*
* présentation non rapportée
L’espace santé jeune est un programme d’échange libre sur la santé mené dans un collège. La participation des élèves est volontaire et les séances sont encadrées par deux animateurs dont un médecin. Une étude visant à évaluer la perception de ce programme par ses différents acteurs a été menée par entretiens (20 élèves participants, 5 enseignants, 4 médecins et l’animateur jeunesse) et questionnaires (150 élèves du collège).
De manière globale, l’étude révèle une perception positive du programme par les élèves, qui se sentent vraiment écoutés et apprécient l’atmosphère détendue des séances. Une telle intervention collective trouve son intérêt dans l’expérience empathique qu’elle procure, 83% des élèves déclarant comprendre ce que vivent leurs camarades. Enfin, l’interprofessionnalité des encadrants est une expérience sociale intéressante. Si la mise en réseau autour des jeunes est favorable pour discuter avec eux de prévention santé, il s’avère que la participation au programme ne modifie pas les relations médecin adolescents lors de consultations en cabinet. Cependant, les médecins participants apprennent à développer un état d’esprit différent de celui de la consultation classique, afin de favoriser la libération de parole des jeunes. En conclusion, une telle étude alimente la réflexion sur la place du médecin généraliste en éducation de la santé et encourage la collaboration inter-professionnelle.
Grâce à plus de 65’000 données issues de bilan de santé d’enfants de 16 à 20 mois, l’association entre structure familliale (famille conventionnelle ou mono-parentale) et comportements à risque des parents pour l’enfant a été évaluée. D’une manière assez claire, la séparation des parents (8% des cas de cette étude) est source de comportements à risque. Ont notamment été associés une augmentation de l’exposition au tabac (+41%), une moins bonne adaptation du lait à l’âge de l’enfant (+18%), l’absence de brossage des dents (+16%) et un mauvais suivi du schéma vaccinal recommandé (+17% en moyenne concernant rotavirus, pneumocoque et méningocoque C). Une explication se trouve dans la situation socio-économique du parent séparé, en particulier le niveau d’étude de la mère. En conclusion, la séparation des parents engendre une atteinte plus que psychologique pour l’enfant dont le parent va potentiellement adopter un comportement à risque pour sa santé. La séparation doit donc être considérée comme un indicateur de risque par le médecin généraliste, qui peut ainsi mieux cibler son intervention et procurer aide, conseils et accompagnement adaptés.
Les épisodes de pleurs excessifs du nourrisson sont difficilement appréhendés car la définition n’en est pas claire (durée, signes cliniques). Les risques majeurs sont la dépression maternelle, l’arrêt de l’allaitement, et de façon ultime le syndrome du bébé secoué. Des entretiens individuels de 16 mères et 13 médecins généralistes ont été conduits et les résultats confrontés afin de déterminer des points clés pour une meilleure prise en charge.
Les mères déclarent ressentir un épuisement, un sentiment d’impuissance et de culpabilité, de l’incompréhension, de l’angoisse et enfin un rejet du bébé. Les stratégies qu’elles adoptent sont un évitement du nourrisson, des moyens d’extériorisation (cris, pleurs, douches..), une multiplicité de consultations médicales et de médecins consultés. L’entourage peut être source de réconfort comme de culpabilisation. Du côté du cadre médical, elles déplorent le fait de n’avoir pas été prévenues de la possibilité d’une telle situation, de ne pas être écoutées et de ne pas recevoir d’information sur le sujet.
Le vécu des médecins est soit aisé, soit difficile. La priorité du généraliste est d’éliminer toute cause organique aux pleurs. Ils donnent une grande importance à l’empathie mais ressentent de l’impuissance. Les traitements sont plutôt inefficaces mais une prescription constante est déclarée. D’une manière générale, ils confessent ne pas rechercher l’épuisement chez la mère et ne pas percevoir chez elles les ressentiments déclarés.
Il convient donc pour le médecin généraliste de reconnaître qu’il s’agit bien d’un problème et de rassurer et déculpabiliser la mère. Il faut rechercher les signes d’épuisement et essayer d’impliquer le père si ce n’est pas le cas. Pour les médecins, une confiance en terme de clinique et de communication semblent essentiels.
Texte : jd / esanum
Photo : Tyler Olson / Shutterstock