Orateurs:
Kénora Chau, Nancy
Loriane Duval, Saint-Cyr-sur-Mer
Manel Rahoui, Montpellier*
Coralie Bureau-Yniesta, Limoges
* présentation non rapportée
L’impact de la consommation de substances et des problèmes de santé sur les difficultés scolaires a été étudié chez 1559 collégiens par auto-questionnaire recueillant les caractéristiques socio-économiques, l’état de santé, les consommations (tabac, alcool, drogues), la situation scolaire (absentéisme, performances, idée d’abandon), les relations sociales et l’environnement de vie. Il en est ressorti une consommation de substances et des problèmes de santé fréquents chez les collégiens, significativement associée avec l’absentéisme, l’échec et l’abandon scolaire. Cette association a trouvé pour une grande part une explication d’origine socio-économique. La détection précoce et le traitement des problèmes de santé par le médecin généraliste apparaissent donc primordiaux. Cependant, les outils disponibles comme ce questionnaire à visée de recherche ne sont pas forcément adaptés à la consultation.
De plus, il peut être difficile de diagnostiquer certains de ces problèmes comme la dépression, du fait de nombreux freins ressentis et constatés par les adolescents et les médecins. Une cause importante est le fait que les adolescents ne pensent pas au médecin généraliste en cas de souffrance psychologique. Durant l’adolescence où l’adulte n’est pas forcément perçu comme interlocuteur privilégié, ce sujet gênant n’est pas facilement abordé en consultation du fait de la présence des parents, dont la possible réaction constitue une crainte non négligeable. Les médecins généralistes rencontrent donc beaucoup de difficultés pour diagnostiquer la dépression de l’adolescent, ce qui constitue un sujet d’inquiétude sachant que 60% de jeunes suicidés avaient consulté un généraliste dans le mois précédent. Une formation initiale plus poussée des jeunes médecins ainsi que des outils adaptés pour aborder ce sujet sensible en consultation sont nécessaires pour le bien-être des adolescents.
Un autre problème important et d’actualité concernant les adolescents est l’addiction aux nouvelles technologies. Cette pathologie de la modernité souffre d’une absence d’outils de dépistage. Un questionnaire a été soumis à 289 collégiens et lycéens, en l’absence de personnels du corps enseignant. La connexion quotidienne à internet concerne 92% des répondants, et 32% confessent une durée journalière supérieure à 2h. La consultation quotidienne des réseaux sociaux en concerne 92,7%, et les jeux en ligne 56,9%. Enfin, 91,8% des interrogés possèdent un smartphone, et 88,1% l’ont constamment sur eux. Les adolescents ne sont cependant pas inconscients de la situation puisque 17,2% d’entre eux reconnaissent un impact négatif sur la vie scolaire et les relations familiales et amicales. Troubles du sommeil et de l’alimentation, sautes d’humeur et agressivité réactionnelle sont autant de conséquences traduisant une addiction à ces nouvelles technologies, ce qui concerne 35% des adolescents interrogés. Environ 20% ont l’envie ou ont déjà abordé le sujet avec leur médecin traitant. Si la relation adolescent-médecin traitant est difficile, un outil comme cet auto-questionnaire semble acceptable pour entamer le dépistage de tendance addictives.
Texte : jd / esanum
Photo : Rawpixel.com / Shutterstock